L’émission « Ce soir (ou jamais!)» vendredi 26 avril 2013 à 22h30 sur France 2présentée par Frédéric Taddeï consacrée avait pour thème « l’obsolescence programmée. Tout est-il devenu jetable ? »
« Les objets de consommation, les travailleurs, l’amour, le conjoint, la famille et même son propre corps ? »
« faire que vous consommiez toujours plus et que les produits
durent toujours moins longtemps »
Frédéric Taddeï : François de Closets vous y croyez à l’obsolescence programmée ?
François de Closets : Comment ça marche le progrès technique ? Vous avez au départ des inventions qui répondent à un besoin social.
C’est pourquoi on le prend et on installe un nouveau produit. Mais derrière ça il y a une industrie. Il faut qu’elle continue à tourner.
Donc ce produit, il faut qu’elle le transforme il faut qu’elle le gadgétise. Il faut qu’elle le ré-invente. Et on a un exemple celui des programmes ( informatiques) celui de l’immatériel.
Parce-que si vous faites une voiture, un objet matériel, il va s’user et il faudra le remplacer bien. Mais si vous faites un programmes informatique, est-ce qu’il va s’user ? Non .
Donc une fois que Microsoft a fait un bon programme, il peut durer tel quel pendant 5 ans, pendant 10 ans et Microsoft et les laboratoires comment ils vont vivre ?
Et donc en permanence et de façon délibérée , Microsoft par exemple a d’abord pour premier objectif de périmer les programmes qui existent pour vous amener de nouveaux programmes.
Le résultat étant que l’informatique, la micro a été pourrie par ça. On des appareils, des PC qui beaucoup trop compliqués pour ce qu’on a à en faire.
Dans 80% des cas il suffirait d’appareils beaucoup plus simples, parce-qu’on en fait essentiellement des utilisations de bureau.
Il y a 10 ans que ces appareils sont prêts et que les industriels refusent de les commercialiser parce-qu’ils seraient beaucoup moins chers.
Et tout le monde sait est embêté par les changements de générations de Windows etc.. Que ce qu’on faisait en 1 clic il faut le faire sur 5 clics.
Que tout d’un coup on nous mette tout un Parc d’attraction dans un ordinateur qui n’est qu’un bureau. Est-ce qu’on a besoin de tous ces jeux ? Non.
Il faut vous mettre tout ça parce-qu’il faut faire vivre l’industriel. Et c’est pareil partout. Il y a une loi du progrès qui est la baisse d’utilité marginale.
A mesure qu’une technique se développe, on la gadgétise, on la sur- gadgétise. C’est vrai pour le téléphone portable, c’est vrai pour tout . et je ne sais pas moi comment il faut lutter contre ça. C’est vrai que c’est une perversion de notre système.
Frédéric Taddeï : Clémentine Autain ( Porte parole de la « Fédération pour une alternative sociale et écologique » ) vous pensez qu’il faut en faire un délit ?
Clémentine Autain : Je pense que la loi doit se mêler de cette affaire là et que de nouvelles règles et des normes doivent s’imposer. Ce n’est pas une affaire de complot c’est une affaire de logique.
François de Closets dit que c’est une perversion du système, je dirai plutôt que la perversion qui est révélatrice du système dans lequel on vit. Et cette affaire là ce n’est pas une petite affaire. Parce-que c’est l’écosystème qui est en péril.
C’est un enjeu écologique majeur. Le gaspillage qui existe aujourd’hui, le consumérisme dans lequel nous sommes invités à plonger d’une certaine manière et pas qu’en informatique, c’est vrai sur tous les produits.
On peut prendre aussi l’exemple du pot de yogourt avec une date de péremption qui n’a aucun sens avec le réel ; comme on peut prendre les fringues, où aujourd’hui il vaut mieux acheter un nouveau jean dans une marque qui n’est pas trp chère plutôt que de le rapporter ou de soi-même le réparer.
Donc c’est la logique globale de cette société consumériste qui est totalement folle et totalement délirante. Parce-qu’il faut comprendre le lien avec le capitalisme. Parce que ce n’est pas sans lien.
Le capital pour s’accroître, il a deux leviers.
Il a un premier levier qui est la pression sur les salaires et il y a un deuxième qui est de faire que vous consommiez toujours plus et que les produits durent toujours moins longtemps. C’est une logique profonde.
Et ce que je voudrai poser comme question c’est celle du low-cost. Parce-que là il y a une perversion effrayante.
Prenez une machine à laver. A l’intérieur pour la faire tourner vous pouvez avoir des systèmes qui sont des systèmes en plastique ou des systèmes en acier. En acier ça dure plus longtemps qu’en plastique, mais ça coûte plus cher.
Vous ne le voyez pas vous, à l’achat. Vous prenez la machine qui coûte le moins cher sauf, qu’elle va durer moins longtemps.
D’où l’importance de la loi pour faire en sorte que la garantie soit plus grande. Mais si on ne traite pas le problème du low-cost ….
Frédéric Taddeï : mais si la garantie est plus longue, ça oblige le constructeur à mettre des pièces plus chères.
Clémentine Autain : Mais c’est un vrai sujet . Et ça à voir avec la question des salaires et donc avec le partage des richesses qui est plus fondamentalement la question du sens.( ….)
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