Théodore Musard et Achille Wolfoni auteurs du livre « N+1 Survivre en entreprise en dix leçons » étaient les invités jeudi de BFM Business-
On s’est dit que l’entreprise était un monde clos avec ses rites et ses personnages récurrents et que c’était un monde romanesque et qu’il méritait d’être traité à ce titre.
Et à l’intérieur de ce monde on constate l’émergence il me semble d’une nouvelle caste entre ceux qui prennent les décisions stratégiques et les cadres qui sont en contact avec la clientèle ou la production.
Entre les deux il y a des intermédiaires dont le job paraît être de manager les managers, d’organiser des réunions, d’imaginer des synergies transversales, et observant dans l’entreprise par notre expérience personnelle et celles de nos amis et des gens que nous connaissons, on s’est dit que cette nouvelle caste méritait d’être étudiée et mise en sène pour réondre à une question qui nous taraude qui est « Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire .
« il est pris tout le temps mais on ne sait pas ce qu’il fait ».
BFM : C’est ça l’idée, on traverse 140 pages de réunions, de séminaires, de pauses cafés, d’échanges de mails ..Il ne produit jamais rien votre N+1 qui est au coeur de ce truc…
Mais il a une vie extrêmement ardente, il ne peut pas aller pisser sans aller taper quelque chose sur son Blackberry, un mail ou un texto, il va de séminaire de cohésion en réunions, de séminaire de cohésion en réunions avec son life coach, il est pris tout le temps mais on ne sait pas ce qu’il fait.
BFM : Est-ce qu’on peut dire que c’est un parasite de l’entreprise et même de l’économie moderne.
A : Je crois qu’on peut le dire comme ça.
BFM : Donc il est nommé N+1 il arrive dans l’Open Space. Vous décrivez très bien qu’il se sent comme Luc Besson sur un plateau de cinéma ++ Mon dieu j’ai fait partie de cette piétaille et me voilà au dessus ++. Pour sa première réunion, il avait fait un petit mot introductif sur l’envie, le désir, le plaisir, les équipes, les défis.
Les managers savent qu’ils ont à leurs côtés des managers qui brassent du vent et dont l’activité paraît être de les empêcher de travailler en mettant au point des procédures compliquées
Et puis il y a une certaine sorte de managers qui pensent, arrivés à un certain niveau, que le travail n’est plus de leur niveau.
C’est à dire qu’ils se disent , on arrive à un certain rang où on fait partie des dignitaires où on va de réunion en réunion, de décisions pseudo-stratégiques en décisions pseudo-stratégiques et c’est un peu dégoûtant de rentrer dans les choses concrètes. Donc c’est ce que notre personnage découvre avec fascination et il essaie de s’étalonner à ça.
Notre héro pense qu’il vit une aventure extraordinaire et dont il est le héro. Il est obsédé par lui même et par cette aventure. Et donc il a deux ou trois citations, un ou deux films et un personnage de référence qui est souvent Georges Clooney qui est celui auquel il veut ressembler et il pense que dans l’univers de sa PME ou de sa grande boite, il est un personnage extrêment glamour.
BFM : Vous êtes sûr qu’il existe ce bonhonme ?
Tout le monde connaît cette loi non écrite qui veut que tout le monde est copain maintenant dans l’entreprise, il n’y a plus de loi ni de hierarchie. Mais on fait attention dans la voiture dans laquelle on monte, avec qui on monte, avec qui on boit un café, à qui on sert la main, à qui on fait sourire, à qui on tape dans le dos. Et je pense que notre « N+1 » a très bien compris ça pour essayer de grimper.
Moi je suis convaincu qu’il existe puisque depuis que le livre est paru tout le monde nous demande comment nous connaisons leur N+1 ?
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