Pour Marc Simoncini, fondateur de Meetic qui vient de publier « Grandeurs et misères des stars du Net », l’échec peut être un
véritable tremplin ainsi qu’il l’a expliqué dans un entretien au Parisien Magazine.
Suivant le modèle américain, Marc Simoncini analyse les vertus des fiascos.
« On a le droit , et même le devoir d’échouer »
Marc Simoncini « Les Français ont horreur de l’échec. Le sujet reste tabou dans les entreprises comme à l’école. Le bonnet d’âne a disparu, mais on continue de se moquer des cancres en maths, même quand ils excellent en sport.Il faut que les choses changent!
Prenons exemple sur la culture américaine , qui positive les fiascos et les considère même comme une condition préalable à la réussite. Au point que les banquiers demandent à leurs clients ce qu’ils ont raté dans leur vie avant de leur prêter de
l’argent. depuis 2011, Microsoft organise à Paris une conférence annuelle sur l’échec, la FailCon.
On a le droit , et même le devoir d’échouer. Car c’est la preuve qu’on a tenté de réussir. Je ne vois pas assez de femmes se lancer, de crainte d’être victime d’une double peine en cas de défaite.
J’entends trop de jeunes dire qu’ils n’osent pas monter leur boîte, de peur de tout rater.
Ils ignorent que chaque réussite cache de nombreuses erreurs. Voilà pourquoi j’ai eu envie de raconter celles de Xavier Niel, Pierre Kosciusko- Morizet, Jacques-Antoine Granjon, Denys Chalumeau et Fabrice Grinda.
Ces cinq quadragénaires ont cartonné sur internet en fondant respectivement Free, PriceMinister, Vente-Privée.cm, SeLoger et OXL.
Mais ils partagent aussi un passé moins glorieux. Tous ont touché le fond avant de tutoyer les étoiles. Ils ont subi des déboires professionnels , dont ils ont su se relever. Et sans lesquels ils n’auraient jamais fait fortune.
Avant de faire un tabac avec son site d’annonces immobilières, seLoger.com, Denys Chalumeau s’est planté avec Promovacances. Xavier Niel, le patron de Free, s’est retrouvé derrière les barreaux à cause de placements risqués.
« Les Français refusent de valoriser les vertus de l’échec »
Quand à moi, je ne me serais pas tué à la tâche avec Meetic si je ne m’étais pas retrouvé criblé de dettes en 2000.
Je venais alors d’empocher 25 millions d’euros après avoir vendu à Jean-Marie Messier, alors patron de Vivendi, le portail communautaire iFrance, que j’avais créé onze ans plus tôt.
J’ai tout perdu du jour au lendemain, parce que j’avais oublié de signer le contrat d’assurance qui devait me couvrir en cas de chute des actions vivendi, dont je m’étais gavé.
Les Français refusent de valoriser les vertus de l’échec. Pourtant , il peut servir d’euphorisant, voir de tremplin. règle numéro un pour rebondir: analyser ses erreurs.
Après avoir été évincé d’Aucland par le patron de LVMH, Bernard Arnault, Fabrice Grinda s’est envoyé un mail de 20 pages, dans lequel il examinait un à un les motifs d son revers.
Il n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure des petites annonces avec OLX, alors même qu’il avait échoué deux fois auparavant.
Ce qui l’a sauvé? savoir démystifier ses revers et en tirer les leçons sans se positionner en victime.
j’ai mis aussi beaucoup appris de ma déroute avec iFrance. elle m’a permis d’affronter avec beaucoup plus de rigueur les difficultés rencontrées lors de la croissance de Meetic et de son implantation ratée en Chine.
Mais elle m’a surtout interdit à tout jamais de me prendre au sérieux.»
Marc Simoncini, auteur de Grandeurs et misères des stars du net chez Grasset.
Voir aussi : (Vidéo) France 2 : Aymeric Caron n’a pas sa place dans « On n’est pas couché » (Eric Naulleau)
Tags: Argent, Bernard Arnault, Culture, France, Internet, interviews, investisseurs, livres, Marc Simoncini, Médias, patrons, Xavier Niel
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