Jean-Claude Raspiengeas, chef du service culture de la Croix, propose « une société sans dilemme » la télé-réalité de W9 produite par Alexia Loroche Joubert.
Il s’est explique dans un commentaire publié dans le journal La Croix.
« On le sait : la faiblesse des réactions du CSA est à la mesure de la lenteur de ses prises de position.
Jusqu’où ? Et jusqu’à quand ? « Dilemme », émission de « télé-réalité nouvelle génération » selon sa conceptrice, Alexia Laroche-Joubert, présentée comme un « divertissement familial », diffusée sur W9 (filiale de M6), chaîne TNT gratuite, vient de faire l’objet d’une « mise en demeure » de la part du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Filmés jour et nuit, enfermés dans un « Cube » pendant plusieurs semaines, selon le très éclairant principe de l’élimination, des candidats se soumettent à des défis humiliants que leur impose la production contre des sommes d’argent. Ainsi une femme a- t-elle accepté d’être traitée comme une chienne toute une journée, promenée, exhibée, une laisse autour du cou, mangeant dans sa gamelle.
Une mère de famille n’a pas opposé d’objections à l’idée de se dénuder devant son fils (et les caméras), avant de se raviser in extremis et n’apparaître qu’en bikini.
Après une longue séance de baignade en tenues d’Ève et d’Adam, les heureux nageurs ont répondu favorablement à l’injonction d’embrasser longuement sur la bouche, hommes et femmes mêlés, leurs voisin(e)s, sous les hurlements enfiévrés des autres. On attend la suite avec impatience.
Il a fallu une semaine (huit jours !) aux « sages » pour adopter une position face à ce « traitement avilissant et dégradant ». On le sait : la faiblesse des réactions du CSA est à la mesure de la lenteur de ses prises de position.
Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Dans son éminente sagesse et sa coutumière diligence, le CSA a finalement « mis en demeure » la chaîne de respecter « à l’avenir » (ne nous pressons pas !) « le principe de respect de la dignité de la personne humaine ».
Et demandé que le sigle « interdit aux moins de 10 ans » soit apposé « lorsque la nature des rapports entre les candidats ou leurs propos le justifient ». Pas d’inquiétude : il n’y a aucune sanction à la clé.
Jusqu’où descendrons-nous collectivement ?
Jusqu’à quand consentirons-nous à subir cette dégradation permanente, maquillée par les déclarations d’intention lénifiantes de ses promoteurs ? Il est désormais évident que rien ni personne n’arrêtera les basses œuvres de cette industrie du cynisme.
Entre résignation et fatalisme, c’est toute une société qui accepte de s’enfoncer dans le pire du pire. Sans dilemme, visiblement ».
A retrouver dans le journal La Croix.
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