Communiqué de presse, vendredi 23 juillet 2010
C’est avec émotion et tristesse que la Sacem a appris la disparition de Pierre Saka qui fut l’une des figures les plus dynamiques et historiques de notre profession.
Un animateur né, dont on devinait en le croisant, le gamin espiègle et créatif qu’il avait dû être dans sa cour de récréation au temps de Trenet, Tino et même Valentino. Pétri de bonne humeur, toujours en quête d’une idée, d’une rencontre, d’un de ces beaux hasards, il avait autant à cœur de prendre la parole que de la donner aux autres, et finit par devenir une de ces plumes indissociables des yé-yés qui fleurissaient au verso des 45 tours et parlaient la langue des copains en adaptant celle de Shakespeare.
Qui disait Pierre Saka disait sixties, hit-parade, France Inter, Oreille en Coin, tennis, et d’abord Charles Aznavour, son ami de jeunesse, collaborateur, préfacier.
Pierre avait débuté chez Jacques Hélian (« Le dimanche matin »), au temps de Paris Inter et Radio Luxembourg, et ses chansons pour les Sœurs Etienne (« Au pays des merveilles »), Lina Margy, Annie Cordy, et surtout Eddie Constantine (« Ah ! Les femmes ! ») le menèrent directement du swing au rock, made in France
Nombre d’entre nous le découvrirent, sans le savoir, à travers Les Chats Sauvages de Dick Rivers : « Est-ce que tu le sais ? », « Mes genoux qui craquent », « En avant l’amour », « Oh lady », puis, pour Dick en solo, le fameux « Baby John » sur une musique de Jean-Pierre Bourtayre. Suivirent Sylvie Vartan, Richard Anthony, Nancy Holloway (« Derniers baisers »), Frank Alamo, Eddy Mitchell (« Je reviendrai »), Danny Boy et ses Pénitents, Danny Logan et Les Pirates, dont l’incroyable « Je bois du lait » témoignait d’un second degré presque surréaliste, en tout cas d’une belle folie douce.
Pierre Saka écrivit des sketches et des parodies pour l’ « Oreille en Coin » sur France Inter, avec Jean-Pierre Codou et Jean Garretto, notamment pour l’imitateur Patrick Burgel.
Alain Souchon, auquel il consacra plus tard un charmant ouvrage soutenu par le Fonds d’Action SACEM, n’écrivit-il pas que « Chanter, c’est lancer des balles » ? Il dut, à sa manière, chanter beaucoup par procuration…
Côté face A de la radio, il ne fut pas en reste avec « Monia » (Peter Holm), mais aussi maints titres pour Nicole Croisille, Nana Mouskouri, Michèle Torr, Nicoletta, France Gall, Dalida (« Ils ont changé ma chanson »), Rika Zaraï, David-Alexandre Winter, autant dire l’âme volage et entêtante des années 60/70, juste avant l’avènement des auteurs-compositeurs-interprètes issus de la génération pop-rock.
Il a mis la chanson en livres et son nom est donc devenu synonyme d’anthologies, de dictionnaires, d’intégrales, de biographies musicales, trop nombreux pour être cités ici. Retenons à titre d’exemple son premier ouvrage, « La chanson française, des origines à nos jours », « La grande anthologie de la chanson française », « La chanson française et francophone » et le dernier en date, son autobiographie : « Tout finit par des chansons » (L’Archipel).
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