La naissance en France d’un « bébé du double espoir » – ou « bébé-médicament » – a ravivé la polémique entre chercheurs, qui mettent en avant l’espoir que représente cette première pour les couples en souffrance, et certains milieux catholiques, qui crient à « l’instrumentalisation » de l’être humain.
L’annonce de la naissance du petit Umut-Talha (en turc « notre espoir »), le 26 janvier, intervient alors même que la révision des lois de bioéthique, qui a débuté au Parlement mardi, suscite la mobilisation de part et d’autre.
Une loi jugée « déjà rétrograde » par le professeur François Olivennes, spécialiste des troubles de la fertilité, qui a dénoncé sur Europe 1 « les « lobbys chrétiens et catholiques » qui tentent « d’imposer leurs vues sur l’embryon », faisant peser une menace sur la fécondation in vitro.
Le professeur René Frydman, à l’origine de cette première française,
s’inquiète d’amendements qui proposent de limiter le nombre d’embryons à trois.
Comme le professeur René Frydman, à l’origine de cette première française, il s’inquiète d’amendements qui proposent de limiter le nombre d’embryons à trois, ce qui ne permettrait plus d’autres naissances de « bébé-médicaments ».
Cela « réduirait de façon majeure les chances de grossesses pour deux tiers des troubles stériles », met-il en garde. Une loi similaire votée en Italie en 2004, surnommée « loi Vatican », a « quasiment mis un coup d’arrêt à la fécondation in vitro en Italie », a rappelé le gynécologue obstétricien.
Tout en saluant le « prodige » de cette naissance, le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France s’est déclaré « tout à fait opposé » à la conception de « bébés-médicaments ».
Même dénonciation d' »instrumentalisation de la personne », de la part de Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD). « On a franchi un pas excessivement grave. Avec un tel +progrès+, l’homme devient un objet de consommation et un matériau », a-t-elle lancé.
« L’Eglise a toujours eu beaucoup d’inquiétudes à mon avis mal placées depuis la contraception, le préservatif », a répondu le professeur Frydman.
« Il s’agit d’un couple qui veut un enfant, qui a déjà été terriblement marqué par le destin et c’est la seule solution que nous avons à leur offrir d’agrandir leur famille et d’avoir le bonheur », a-t-il expliqué.
Les parents ont en effet souhaité le transfert des deux embryons obtenus après la procédure de double diagnostic préimplantatoire (double DPI ou DPI HLA compatible)
« Il y avait deux embryons indemnes de maladie dont un seul compatible et les parents ont demandé qu’on transfère les deux. Seul l’embryon compatible s’est développé à terme, l’autre a disparu, comme cela arrive parfois », a souligné le professeur Frydman.
« Le désir d’enfant des parents est bien sûr au premier plan », a renchéri le Dr Julie Stéphann, bras du Pr Arnold Munnich (Necker) qui a contribué à cette naissance.
« La soeur ainée, d’à peine 3 ans, va pouvoir bénéficier d’une greffe de moelle avec le sang de cordon ombilical », selon le Dr Nelly Achour-Frydman. Elle pourra éviter les transfusions mensuelles nécessaires à sa survie et les complications.
Réclamant que « l’on quitte la suspicion » qui entoure cette discipline de l’assistance médicale à la procréation, le Pr Frydman a déploré aussi « le maquis de précautions sur le plan législatif » qui contribue au retard français dans ce domaine.
Car au-delà de cette naissance pour l’instant exceptionnelle, le diagnostic préimplantatoire (DPI), après fécondation in vitro sert simplement à détecter des maladies extrêmement graves afin de permettre aux parents d’espérer un bébé qui en soit indemne.
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