Le député européen Daniel Cohn-Bendit estime en marge des journées d’été d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), à Clermont-Ferrand que « des marchés spécule sur le fait que la parole des politiques n’a pas de valeur » dans un entretien au Monde. Extrait.
Le président de la République et la chancelière allemande n’ont apparemment pas convaincu les marchés avec la réunion mardi 16 août à Paris.
Les Bourses européenes plongent à nouveau ( -5.45% jeudi à Paris).
Daniel Cohn-Bendit : C’est la démonstration que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne sont pas, à eux seuls, l’Union européenne ni la zone euro. Ce n’est pas parce qu’ils ont mis en scène deux idées qu’on leur a soufflées que la zone euro est conquise! Je remarque que la partie consciente des marchés spécule sur le fait que la parole des politiques n’a pas de valeur.
Les gouvernements européens avancent à reculons à chaque fois. Ils prétendent, notamment Mme Merkel, que jamais ils n’aideront la Grèce, puis ils volent à son secours. La parole des gouvernements, ce n’est pas triple A, mais triple zéro. C’est aussi ça que les marchés sanctionnent. Mme Merkel et M. Sarkozy veulent le beurre et l’argent du beurre: ils veulent plus d’Europe pour les protéger, mais refusent un saut qualitatif vers une fédéralisation européenne.
En ce qui concerne les euro-obligations comme solution, le député européen déclare :
L’idée des euro-obligations est de communautariser une partie de la dette de certains pays affaiblis en les adossant à la force économique de l’Europe, pour contrer la spéculation. Les Etats comme la Grèce pourraient emprunter pour surmonter leur endettement à un taux inférieur de 50% à ceux du marché. Certains pays, comme l’Allemagne, emprunteraient un peu plus cher, mais c’est un acte de solidarité très fort et je suis pour. Nous avons aussi besoin d’euro-obligations pour relancer l’économie, notamment pour sa transformation écologique. Si, à l’inverse, on applique une politique d’austérité, les économies ne repartiront pas.
« L’idée qu’il faut arrêter de faire des dettes est juste ».
A propos de la « règle d’or » à laquelle la gauche est hostile Daniel Cohn-Bendit estime :
L’idée qu’il faut arrêter de faire des dettes est juste. Les écolos ont toujours dit qu’on ne pouvait pas laisser la planète se dégrader dans une fuite en avant dont on laisserait la gestion à nos enfants. C’est la même chose avec la dette: on hypothèque l’avenir des générations futures en leur léguant des dettes incroyables.
La question, c’est : comment la réduire; par une politique d’austérité qui touche les plus pauvres ou par de nouveaux impôts qui rééquilibreraient l’effort de toute la société ? Je préfère la seconde solution. M.Sarkozy veut imposer sa « règle d’or » à ses conditions de politique d’austérité, et c’est juste de refuser de la voter. Cela ne veut pas dire refuser toute « règle d’or ». La solution ne passe pas par l’endettement permanent des Etats et donc des citoyens.
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