Jeudi le président de la République a prononcé à 18h30 à Toulon (Var) un «grand discours» sur la crise de la dette dans la zone euro. Trois ans après un premier discours dans cette même ville , Nicolas Sarkozy est de retour pour une nouvelle déclaration dans un contexte de crise de la dette.
Nicolas Sarkozy a fait référence à son précédent discours d’il y a trois ans en ouverture : « Il y a trois ans, au pire moment de la tourmente financière, je me suis adressé aux Français.
Pour éviter la peur, il fallait dire la vérité aux Français. La France ne pouvait pas rester à l’abri d’une crise planétaire qui aurait des conséquences sur la croissance.
Pas une seule banque n’a fermé ses portes, pas un seul centime de dépôt n’a été perdu. Les économies des Français ont été protégées.
Cela n’a pas coûté un centime aux Français.
Dire la vérité aux Français, c’était leur dire qu’il fallait travailler davantage. Je sais bien que pour certains, la vie des Français est plus difficile et que beaucoup de Français ont souffert.
Il faut regarder autour de nous. Dans quelle situation se trouvent nos voisins européens qui n’ont pas pris les mesures nécessaires à temps. Ils ont dû baisser les salaires tout en augmentant les impôts.
Je vous demande de regarder d’où nous venons et ce que nous avons accompli en trois ans. Rien ne sera plus comme avant.
La politique de la France s’est résolument inscrite dans la perspective de protéger les Français mais aujourd’hui la peur est revenue, cette peur qui paralyse.
C’est la peur pour la France de perdre son destin. La vérité c’est que la crise n’est pas finie. Nier la crise, s’est s’interdire toute perspective d’avenir.
Cette crise frappe tous les grands pays développés. Il faut chercher les causes communes. La grande cause, c’est l’instauration d’une mondialisation sans limite instaurée à la fin des années 1970. S’est mise en place une machine à faire de la dette.
Pas un seul budget en équilibre depuis 1974 en France.
La croissance extravagante du système financier a eu pour conséquence de la financiarisation de l’économie avec son obsession du court-terme.
Aujourd’hui, les prêteurs ne veulent plus prêter. Commence aujourd’hui un nouveau cycle économique, de désendettement.
Ce cycle va s’accompagner d’un ajustement. Nous n’allons pas imputer aux Français les conséquences de ce que nous vivons.
Les ménages français sont parmi ceux qui épargnent le plus.
Les jeunes générations ont des difficultés de plus en plus grandes à s’insérer. Depuis 30 ans, les Français ont été courageux.
Les Français ont eu la charge de ceux qui vivent plus longtemps, de ceux qui font des études plus longtemps. Cette situation se trouve brutalement aggravée par la crise.
C’est pour ça que la réforme des retraites ne pouvait plus être repoussée.
Dire la vérité aux Français, c’est ne rien leur cacher des conséquences de la crise. Ils ont le sentiment d’être ballottés par des crises dont ils ne sont pas responsables.
« Il faut réduire nos déficits en supprimant
nos mauvaises dépenses ».
Il y a trois façons de répondre à la crise: La nier. Faire le choix exclusif de l’austérité, de la rigueur et de la déflation -faire porter le poids de la crise sur le pouvoir d’achat des Français-
Il faut répondre à la crise par le travail et par l’effort. C’est un ajustement par le haut qui préservera votre niveau de vie. C’est la politique que nous devons suivre.
La politique aujourd’hui doit réinventer et doit imaginer. Il faut éviter de devenir une cible pour la spéculation. Il faut briser le doute de notre capacité à rembourser notre dette.
Il faut réduire nos déficits en supprimant nos mauvaises dépenses.
Nous dépensons trop et souvent mal depuis des décennies. Nous devons continuer à réduire les effectifs de la fonction publique. Il ne faut pas se laisser déstabiliser par l’emballement des marchés.
La clé de notre avenir est dans la compétitivité et dans la productivité. La France est le pays dont le système institutionnel qui a le mieux résisté à la République. Ce n’est pas en passant à une VIème République que nous avancerons.
Les inégalités ne sont pas les mêmes qui hier. La réforme du financement de notre modèle social est devenu une urgence absolue.
Disposer d’un Etat fort est un atout considérable. Ce n’est pas en boudant l’énergie nucléaire que la France valorisera au mieux ses atouts.C’est le travail qui crée le travail, l’investissement qui engendre l’investissement.
Nous avons le devoir de chercher toutes les solutions pour créer des emplois. Il ne faut pas attendre l’élection présidentielle. La bataille de l’emploi se passe avec les grands patrons et les partenaires sociaux.
Il n’y a que la croissance qui viendra à bout du chômage.
Nous devons perséverer et ce n’est pas le moment de nous rétracter et de réfugier dans l’immobilisme. C’est le moment de travailler, d’investir. L’Etat doit investir. Oséo, le grand emprunt sont des solutions.
Nous ne retrouverons pas le chemin de la croissance seuls. L’économie de la France est tellement présente à l’étranger, il n’y a pas de différence entre la politique intérieure et la politique étrangère.
L’isolement n’est pas une solution. Il serait mortel pour notre pays.
Nous refuserons d’effacer nos frontières. Nous défendrons notre identité, notre culture, notre modèle social. Nous n’accepterons pas une immigration incontrôlée qui bousculerait nos valeurs. L’immigration est féconde si elle est contrôlée.
La seule façon de nous protéger c’est être l’artisan du changement avec les autres.
La souveraineté ne s’exerce qu’avec les autres. C’est la grande leçon du 20ème siècle. Renoncer à notre droit de veto serait une faute.
La France et l’Allemagne ont décidé d’unir leur destin. Revenir sur cette stratégie serait impardonnable.
Je recevrai lundi prochain Angela Merkel et nous ferons des décisions pour garantir l’avenir de l’Europe. Chacun a son histoire évidemment et nous devons la respecter. Il faut comprendre cette différence et l’accepter.
Derrière la convergence, il y a la paix. Je ne reviendrai jamais sur ce choix » a conclu le chef de l’état jeudi soir à Toulon.
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