Dans une lettre ouverte publiée lundi par Le Monde, Rachida Dati reproche au Premier ministre, François Fillon sa candidature dans la 2e circonscription de Paris.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez décidé d’être candidat à Paris. Cela aurait pu être une bonne nouvelle pour les Parisiens et pour notre famille politique, s’il s’était agi de venir soutenir ceux qui, depuis plusieurs années, se battent contre une politique municipale qui pénalise les familles et les classes moyennes, qui organise une ville-musée et non une ville animée par le désir d’être inventive pour l’emploi, la recherche, les filières d’excellence, pour de meilleures conditions de transport et de vie.
Cela aurait pu être une bonne nouvelle, s’il s’était agi d’aller convaincre les Parisiens qui doutent que les choix de mise en mouvement de la société française faits par le président de la République sont les bons.
Cela aurait pu être une bonne nouvelle, s’il s’était agi de montrer aux Parisiens qu’on peut partager une expérience politique, sans pour autant rechercher le confort et la facilité. Cela aurait pu être une bonne nouvelle, s’il s’était agi de prendre des risques pour ses idées.
Mais vous n’avez pas fait ces choix, et votre arrivée n’est finalement pas une bonne nouvelle. C’est une faute, une faute triste.
Elle est le retour d’une manière de faire de la politique, celle qui soumet les règles et les usages aux pressions de l’ambition solitaire des puissants, celle des appareils politiciens ; une manière de faire de la politique qui n’a jamais favorisé la promotion des femmes et qui empêche à chaque élection l’émergence de la diversité ; une manière de faire de la politique qui ne valorise pas le travail de terrain et les élus, une manière de faire de la politique qui est le refus du contact avec la France populaire pour ne privilégier que les élites d’appareil.
C’est la manière de Cécile Duflot, secrétaire générale d’Europe Ecologie-Les Verts, qui veut prendre la place de la seule femme députée de Paris qui n’est pas une cumularde et qui est présente dans les rues du 11e arrondissement tous les jours depuis des décennies, contrairement à la plupart des élus socialistes de Paris.
En choisissant la facilité, une « circonscription sans électeurs », comme vous le dites de manière étonnante, vous allez casser ce que Nicolas Sarkozy a fait de mieux, de plus symbolique au cours de son quinquennat, montrer que la réussite de l’intégration, c’est de pouvoir convaincre notre électorat le plus traditionnel qu’il peut être représenté par quelqu’un qui n’a ni les mêmes origines sociales ni les mêmes origines culturelles.
« L’enjeu, maintenant, c’est l’honneur
de ceux que je représente »
Vos chargés de mission sur le terrain pourraient entendre ce que j’entends sur les marchés parisiens. Le courage chez Nicolas Sarkozy c’est quand « Rachida » a succédé à Edouard Frédéric-Dupont.
Cela, la gauche ne l’a fait nulle part. Cela devrait être la fierté de la droite républicaine au moment où le Front national tente de lui faire abandonner ses valeurs.
Votre choix, s’il se maintenait, serait donc pour nos valeurs celui de la régression, celui du retour aux errements qui nous ont fait perdre Paris. Du reste, je constate amèrement avec la majorité des élus parisiens de la droite et du centre que vous souhaitez, grâce à votre candidature, remettre en selle le clan qui nous à fait perdre Paris et le coeur des Parisiens et qui a ainsi favorisé la victoire de la gauche.
La politique du président de la République a été celle du courage, celle de l’impopularité nécessaire au moment où il s’agissait de faire des choix pour rénover la France. J’ai servi cette politique en menant jusqu’au bout la réforme de la carte judiciaire, en engageant une réforme profonde du code de la justice des mineurs, en défendant par mon exemple la laïcité, en allant au-devant des Parisiens avec une histoire personnelle peu habituelle dans le quartier des ministères.
Nicolas Sarkozy, et comme de nombreux enfants issus de l’immigration, je l’en remercie, a porté haut les valeurs de l’intégration républicaine. Il a montré l’exemple.
A Paris, pour un homme comme vous qui a dit longtemps vouloir s’inspirer du gaullisme social, le courage serait d’aller au-devant de la diversité parisienne, là où notre famille politique a besoin de soutien, là où Philippe Séguin avait fait le choix de se battre, là où la pratique politique de la majorité municipale est celle du cumul des mandats, du refus du renouvellement des générations, du refus de promouvoir la diversité, du refus de la République intégratrice. Là où Alain Juppé avait su battre Lionel Jospin.
Comprenez, Monsieur le Premier Ministre, quand il en est encore temps, que l’enjeu n’est pas la circonscription. L’enjeu, maintenant, c’est l’honneur de ceux que je représente, ceux qui croyant en moi ont cru en vous. Ceux pour lesquels vous avez placé un visage sur leur espoir, ceux qui ont cru à vos symboles, et qui reconnaissent aujourd’hui la légitimité de ma démarche.
Vous m’avez placée, vous-même, face à mon devoir de résistance. Vous êtes le seul à posséder la solution au problème que vous avez créé. Au nom de notre famille politique, au nom des valeurs dont vous vous réclamez, je vous le demande solennellement, refusez la facilité, car Paris et les Parisiens aiment le courage.
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