L’essayiste Alain Minc, proche du chef de l’État s’est exprimé dans un entretien au Figaro sur la crise de la dette et sur les mesures vertueuses à prendre.
Alain Minc : Les Français sont pour la première fois davantage préoccupés par les questions de dette que par l’emploi. Avec de la vertu budgétaire, on peut recréer la confiance des acteurs économiques: les ménages sont incités à dégeler leur épargne et à consommer, les entreprises à investir. C’est ainsi que se fabrique la croissance.
Présenter un budget laxiste inciterait au contraire à épargner davantage et donc à moins consommer. Le triptyque dans un monde écrasé par le poids des marchés est: vertu budgétaire, confiance, croissance.
En ce qui concerne les mesures vertueuses à prendre, Alain Minc déclare :
Personnellement, j’espère une grande mesure: que les 27 pays de l’Union européenne augmentent simultanément de deux points leur taux de TVA. Ce serait absorbé facilement et leurs déficits se réduiraient immédiatement. Mais ce n’est pas pour aujourd’hui. Ceci mis à part, il faut se concentrer sur la maîtrise des dépenses de l’État. Il y a encore quelque marge de manœuvre dans ce domaine.
Mais cela ne servira à rien si l’on ne s’attaque pas aux dépenses des collectivités locales. Il faudra aussi s’interroger sur la partie non contrôlée de l’État-providence, c’est-à-dire prendre des mesures difficiles politiquement et techniquement pour mieux maîtriser les dépenses de santé. Ce dernier point nécessite un travail de longue haleine.
« une crise de la dette est plus inquiétante
que les soubresauts boursiers »
Le gouvernement est dos au mur sur sa prévision de déficit public de 4,6% du PIB en 2012, et il fera tout pour y parvenir. Mais s’agissant de la défense du AAA, c’est la France dans son ensemble qui est obligée de faire front. Cette note est un «trésor national» détenu en copropriété par tous les Français.
Il faut avoir parfaitement conscience qu’à neuf mois des élections présidentielles, les déclarations des deux principaux partis de gouvernement en France, de droite et de gauche, sont examinées à la loupe par les agences de notation. La gauche serait autant responsable que la droite d’une baisse de cette note dans les prochains mois si jamais elle fait des propositions économiquement inadaptées au cours de la campagne.
(….) une crise de la dette est plus inquiétante que les soubresauts boursiers, car une crise de la dette peut bloquer du jour au lendemain l’accès d’un État aux marchés financiers et congeler son système bancaire. Cela dit, la BCE dispose d’une boîte à outils permettant de l’éviter. Au passage, il faut bien rappeler que nous sommes confrontés à une crise de la dette, pas à une crise de l’euro. Je ne sais pas ce qu’est la crise d’une monnaie surévaluée de 20%, comme l’est l’euro par rapport au dollar. Objectivement, les craintes sur la solidité financière des grands pays (Italie, Espagne) de la zone euro n’ont aucun sens.
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