Invité mercredi 7 décembre 2011 sur BFM, l’économiste Jacques Attali a déclaré « retenez bien ce que je vais dire dans quelques semaines, on ne parlera que des fonds propres des banques et de leur éventuelle nationalisation »

Jacques Attali : Il y a deux questions que je voudrais soulever: d’abord on ne demande rien aux banques, les banques sont véritablement les acteurs majeurs, les acteurs majeurs d’une relance ou pas, donc il faut demander aux banques trois choses, premièrement: augmenter leurs fonds propres, deuxièmement: supprimer provisoirement leurs dividendes.

Troisièmement: supprimer leur bonus et j’ajoute un quatrièmement: réduire au maximum les opérations spéculatives pour concentrer leurs crédits sur l’économie réelle.

« dans quelques semaines, on ne parlera

que des fonds propres des banques »

Ca, c’est la clé de fonction de croissance des banques. On en est très loin, on n’en discute même pas et vous allez voir que dans quelques semaines, on va dire le problème principal ce sont les fonds propres des banques , retenez bien ce que je vais dire dans quelques semaines, on ne parlera que des fonds propres des banques et de leur éventuelle nationalisation ou intervention de l’état si il n’ y a pas d’autres actionnaires privés disponibles . Ce sera dommage de l’avoir fait avec du retard.

BFM: Vous êtes pour une nationalisation des banques?

Jacques Attali: Non, je suis pour une augmentation de leurs fonds propres, si possible par l’usage pour cela de leurs dividendes et si cela ne suffit pas, il faudra bien trouver des actionnaires, privés ce serait très bien et si il n’y en a pas et bien il faudra en avoir d’autres.

Cela m’amène à la deuxième question , tous les instruments que l’on est en train d’empiler le fond spécial, la facilité, etc… à mon avis ce sont des instruments qui serviront à augmenter les fonds propres, parce que cet argent là, il devra servir aux fonds propres du moment qu’il va être la clé du processus.

Il faut augmenter les fonds propres des banques pour recréer un instrument de croissance, sans croissance , l’euro disparaîtra et l’Europe va tomber dans une récession donc il faut à tout prix augmenter les fonds propres.

Ce n’est pas par ces mécanismes de banques pour prêter aux états , c’est par des mécanismes liés à l’économie réelle et pour les grands investissements publics c’est pas des fonds fantomatiques qui viennent des banques qui vont régler les problèmes, c’est l’Europe fédérale ayant des bons du trésor comme les Etats-Unis, comme le Japon , comme l’Angleterre, si on ne fait pas ça dans les mois qui viennent l’euro disparaîtra.

BFM: Justement vous dites, les mois qui viennent, une Europe Fédérale c’est long, le timing est beaucoup plus long?

Jacques Attali: Non, Monsieur Van Rompuy , très habilement parce que c’est un homme extrêmement habile et très intelligent et qui est un grand espoir pour moi et pour l’Europe, a proposé une solution qui permet à faire quelque chose qui soit aussi rapide que le marché. Si on veut que la démocratie survive, il faut qu’elle soit aussi rapide que le marché.

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