Dans un entretien au Figaro le président du MoDem François Bayrou critique le projet du PS et plaide pour «un changement profond» à la présidentielle. (Extrait).
François Bayrou : Jamais je n’ai ressenti une telle ambiance de décomposition et de division du pays. Cela place les acteurs politiques devant leurs responsabilités.
(Il faut ) Rassembler, donner du sens. Mais d’abord, la vie politique doit être assainie. Il faut effacer les soupçons que font peser toutes ces affaires obscures, comme l’affaire Tapie, les financements opaques, les cumuls de toute nature, la manipulation des sondages…
L’affaire Tapie.
François Bayrou : Nous n’étions pas nombreux, au début, à dénoncer envers et contre tous une affaire d’État, une spoliation de l’argent public, par centaines de millions d’euros. Aujourd’hui, chaque jour qui passe apporte des preuves supplémentaires. J’ai la conviction que l’un des enjeux de 2012 sera de faire la lumière sur ces affaires, qu’on respire enfin. Nous sommes les seuls à pouvoir proposer un changement véritable, un nouvel ordre politique, sans impasse et sans risque.»
Le vote FN
François Bayrou : Quand j’ai écrit Abus de pouvoir, je savais ce que je traduisais. La politique est devenue fausse monnaie. Les mots servent à cacher les choses. Les buts véritables ne sont jamais avoués. La vraie vie est niée – on l’a vu sur le prix du gaz ou de l’électricité – et les valeurs qui font vivre les gens aussi. Les Français enragent d’entendre leurs gouvernants leur décrire un pays qui n’est pas le leur.
Mon action n’a qu’un but : obtenir un changement profond pour le pays qui ne peut se décider qu’à la présidentielle. Pour cela, j’ai refusé toute complaisance, toute proposition, toute compromission avec le pouvoir. Il fallait ces années de lutte et d’intransigeance pour que, le jour venu, les électeurs sachent qu’ils ne seront pas trahis.
Le Figaro : Est-ce à dire que vous acceptez l’élection de députés du FN ?
Oui, bien sûr. Il est absolument anormal que des forces qui ont atteint ces dernières années 15 à 20 % des suffrages – nous-mêmes, les écolos ou le FN – n’aient pas de représentation à l’Assemblée. Quant au Front national, il vaut mieux le combattre face à face.
Le projet du PS dévoilé cette semaine.
François Bayrou : Il y a dans ce texte des idées que j’approuve et défends, notamment sur l’investissement des entreprises ou les institutions. Mais je suis en profond désaccord sur deux points : tous les problèmes du pays sont renvoyés à la dépense publique – allocation pour tous les jeunes, emplois d’avenir, recrutements publics, recours à l’impôt pour de nouvelles dépenses.
J’ai l’impression de retrouver le jugement de Frédéric Bastiat : «La grande fiction qui fait que tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.» Et ensuite, ce qui manque, c’est la vision d’un pays actif, volontaire, qui préfère que les gens s’en tirent par eux-mêmes, qui choisit de mobiliser ses forces propres : la création, l’innovation, la recherche. L’avenir du pays ne peut pas être l’assistance généralisée.
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