Fatine Layt, présidente et associée d’Oddo Corporate Finance était l’invité de BFM Business et a donné son analyse sur le regain d’enthousiasme dans la finance en 2010.

BFM Business: Quand croyez-vous qu’on commencera à voir les effets positifs de du plan de relance tant annoncé, voté, adopté, discuté ?

Fatine Layt : D’ici le second trimestre 2011, très probablement. Cela va soutenir la croissance, ce qui est important, parce qu’effectivement, désormais l’inquiétude pour nos économistes, c’est l’orthodoxie financière, la rigueur budgétaire, qui n’est bonne ni pour la croissance ni pour la consommation. Donc c’est vrai qu’on a besoin de mesures de soutien, et je pense que dans ce cadre-là, le grand emprunt était vraiment un très bon outil.

BFM Business: Alors pour Oddo mais pas seulement, pour votre métier de fusion-acquisition – vous avez été un temps associée de Jean-Marie Messier – est ce que 2010 a été une bonne année pour vous, est-ce que c’est reparti ?

BFM Business : On a vu quelques grandes opérations, mais on avait l’impression au début que c’était très grippé et puis petit à petit l’argent est revenu, les fonds qui avaient été soit complètement anéantis par la crise, soit s’étaient tapis dans leur igloo, on les voit ressortir ?

 » Les fonds d’investissement sont pleins de cash et ont besoin de faire tourner leur portefeuille »

Fatine Layt : Il y a plusieurs éléments. D’abord il faut se rappeler que 2009 a été une année horribilis, parce qu’au fond, le marché mondial de la fusion-acquisition perdait de 30 à 40 % et en Europe 50 %. Et d’ailleurs de nombreuses maisons ont beaucoup souffert.

Donc c’est vrai que cette année, tout le monde est très content du regain, même si c’est vrai que l’on n’atteint pas les niveaux que l’on avait connus auparavant.

Nous, Oddo Corporate Finance, on a fait une très bonne année. Nous sommes une banque d’affaires full service avec tous les métiers du Corporate Finance : de la salle des marché au M&A (Mergers and Acquisitions NDLR) en passant par le financement, donc nous avons une très bonne vue sur ce qui s’est passé cette année et je remarque plusieurs choses.

Beaucoup de désinvestissements, parce qu’il y a eu des opérations

de recentrage stratégique

D’abord, il y a un regain d’opérations, parce que les fonds d’investissement sont pleins de cash et ont besoin, comme on dit dans notre jargon, de faire tourner leur portefeuille : ils ont besoin de faire des sorties et de réinvestir l’argent.

Ensuite, il y a eu beaucoup de désinvestissements, parce qu’il y a eu des opérations de recentrage stratégique, et c’est aussi un des éléments qui ont animé le marché cette année. Et enfin en 2010 – et je le prévois également en 2011 – il y a eu consolidation notamment dans les métiers financiers, dans ce qu’on appelle les FIG (les institutions financières), dans l’énergie, et également dans les médias et les télécoms.

Nous, on a profité de la vague « émergents » puisqu’on a été le conseiller de France Télécom sur l’acquisition de Méditel. Donc on a aussi profité de cette vague « cross border » qui est de plus en plus importante, parce que je vous rappelle que le CAC 40 – qui n’est pas le cœur de l’économie française mais qui la représente néanmoins – fait une grosse partie de son business en dehors de France, et de plus en plus dans les marchés émergents.

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