L’audition du général Philippe Rondot, auteur de carnets secrets, présent à la barre du tribunal lundi après-midi constitue l’un des tournants du procès Clearstream. Selon les déclarations faites lundi par le général au tribunal, Dominique de Villepin aurait appris dès janvier 2004 que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les listings, ce que conteste l’ancien Premier ministre.
Vers 13h35, le général Rondot se présente à la barre et décline son identité. Le général rappelle quelles étaient ses fonctions à l’époque des faits où il travaillait au ministère de la Défense.
Puis il déclare : « Je tenais un journal de marche » dans lequel il mentionnait les évènements de la journée. « Mon père, qui m’a appris mon métier, m’avait incité très jeune à tenir un journal ».
« Tout a été détruit » déclare-t-il. Seules des chemises avec des verbatims d’entretiens avec sa hiérarchie, ont été conservés.
Le général Philippe Rondot précise : « Je n’ai jamais eu d’entretien sur cette affaire avec le président de la République » . Puis, Le général Rondot évoque des « faiblesses » d’une source et déclare « je ne lache jamais une source dans la nature » ainsi que « Imad Lahoud, c’est la source humaine ».
Le général aborde les détails de la source : « En janvier 2003, monsieur Jean-Louis Gergorin me signale qu’il a une personne, libanaise d’origine, français, suceptible de m’apporter des informations sur le financement du terrorisme. Bien sûr, je ne laisse pas échapper cette opportunité. »
Puis il détaille la personnalité de Imad Lahoud « Personne complexe, soucieux d’entrer dans le monde du renseignement. Cette personne, qui a un passé judiciaire, n’est pas quelqu’un de facile à traiter. J’ ajoute que j’ai une certaine expérience du traitement de ces personnes vivant dans cette partie du globe. »
S’exprimant à propos de Gergorin il déclare « Gergorin a une personnalité qui est parfois confondante »
avec » des analyses très fines, très profondes », et parfois « une exaltation qui parfois dessert les analyses qu’il peut faire, ou les idées qu’il peut avoir ». « Il a une fascination réelle pour le monde du renseignement et une certaine forme d’obsession pour les complots, qu’il soient internationaux ou autre. »
Poursuivant son récit, le général déclare mentionne la date du le 9 janvier 2004, « Je me retrouve dans le bureau du ministre des Affaires étrangères avec Jean-Louis Gergorin . Je sors un petit calepin avec des fiches bristols. Personne ne me dit de ne pas prendre de notes. Le général précise : « Le nom de Nicolas Sarkozy est cité par les uns et par les autres » ajoutant « On ne parle pas précisément de la liste »
Puis raconte : » D de Villepin (…) fait état d’instructions du président de la République pour enquêter. »
Le général affirme que Dominique de Villepin lui aurait demandé de ne pas parler de l’affaire à Michelle Alliot Marie , alors ministre de la Défense.
Le général confirmera ensuite : « Mes doutes ne font que s’amplifier » et « Tout bascule en mai »
Selon le général Rondot, Gergorin aurait affirmé avoir contacté le juge Van Ruymbeke » à la demande de Dominique de Villepin ».
Le général Rondot poursuit : « Je me souviens du moment où Imad Lahoud me montre une liste où figure les patronymes de Nicolas Sarkozy »
Evoquant Dominique de Villepin, le général Rondot déclare :
« Je n’ai aucune raison de mettre en doute, à ce moment-là, les propos qu’on me rapporte ».
Appelé par Dominique de Villepin, le général Rondot raconte avoir entendu au cours d’un rendez-vous « si nous apparaissons, le président de la République et moi, nous sautons »
Plus tard le général Rondot déclarera : « Je n’admets pas que l’on mette en doute mon honneteté ».
Ce lundi le général Rondot fête ses 73 ans.
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