Dans un entretien au JDD, le républicain Rudolph Giuliani, ancien maire de New York de 1994 à 2001 et ancien procureur, en visite à Paris pour soutenir les opposants au régime iranien s’est exprimé à propos de l’affaire DSK. Extrait.
Interrogé sur l’importance de l’affaire Strauss-Kahn auprès des Américains, il répond :
Rudolph Giuliani : C’est vrai, c’est une très grosse affaire. Certes, les déboires du congressman Anthony Weiner – le député qui a diffusé des photographies de lui en slip sur Twitter contraint de démissionner – ont détourné quelque peu leur attention ces derniers jours. Mais pendant près de trois semaines, l’affaire Strauss-Kahn a ouvert presque tous les journaux à la télévision et à la radio. Cette histoire réunit tous les ingrédients du théâtre hollywoodien. Un homme puissant, de dimension internationale, soupçonné d’avoir violé une jeune femme. Chaque rebondissement de ce dossier va continuer de passionner les Américains…
Il a été traité comme n’importe quel justiciable américain. La médiatisation des audiences, les menottes, l’arrestation filmée, la présentation de l’inculpé à la presse sont des pratiques courantes aux États-Unis. ( …)
La personnalité de Dominique Strauss-Kahn comptera peu au procès.
En revanche, celle de la victime sera passée au crible.
J’ai été procureur pendant plus de seize ans. C’est la fonction que j’ai exercée le plus longtemps dans ma vie. Je connais le système judiciaire américain de l’intérieur et je peux vous assurer que si Dominique Strauss-Kahn est innocent, il sera acquitté. Nos deux systèmes judiciaires sont très différents.
En France, il est très compliqué d’accuser et d’arrêter quelqu’un. Il faut des preuves, la consultation de plusieurs magistrats, une enquête minutieuse. Comme vous avez pu le constater, aux États-Unis, la mise en accusation est beaucoup plus rapide. En revanche, je peux vous assurer qu’il est très difficile de faire reconnaître la culpabilité de quelqu’un. Les droits de la défense sont nombreux et respectés. Depuis que je suis arrivé à Paris, on me parle de la réputation sulfureuse de Dominique Strauss-Kahn… Aux États-Unis, ce type d’éléments de contexte ne sera pas communiqué aux jurés et ne pourra être utilisé contre DSK.
En ce qui concerne l’ appel lancé par Kenneth Thompson, l’avocat de la victime présumée à toutes les femmes qui auraient été agressées par DSK dans le monde, Rudolph Giuliani répond :
C’est de la stratégie. Thompson, qui a un passé de procureur, veut établir un rapport de force avec les avocats de la défense. La personnalité de Dominique Strauss-Kahn comptera peu au procès. En revanche, celle de la victime sera passée au crible. Les avocats de la défense vont chercher à l’attaquer, à la discréditer… Mais elle semble être quelqu’un de bien, une réfugiée politique sans histoire. Chaque camp va tenter de pousser l’autre à la faute. Nous sommes entrés dans un jeu de provocations.
Il est certain que, sans argent, Strauss-Kahn n’aurait pu s’offrir une maison de ville dans l’un des quartiers les plus chics de New York. Il attendrait son procès en prison et non dans un luxueux fauteuil. Mais j’ai la conviction qu’il sera jugé de la même façon.
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