Michela Marzano, philosophe italienne, professeur à l’université Paris-V, éditorialiste à La Repubblica, analyse dans le JDD l’impact provoqué par l’affaire DSK en France. Extrait.
« De toute façon, elle n’était pas belle ».
Michela Marzano : « Un des premiers arguments des avocats de DSK a été : « De toute façon, elle n’était pas belle ». Quel retour en arrière! Il y aurait donc une relation entre la beauté d’une femme et le harcèlement ou le viol ? »
Elle ajoute : « Berlusconi utilise ce genre de raisonnement pour expliquer pourquoi il est impossible de lutter contre les violences sexuelles : « On ne peut pas mettre un policier derrière chaque jolie femme du pays! » C’est comme si les luttes féministes des années 1960 et 1970 n’avaient pas existé ».
Et de préciser « Les amis de DSK ont tous dit : « Ce n’est pas l’homme que l’on connaît ». Au lieu d’adopter une position prudente, beaucoup tombent dans le déni en refusant de voir les choses et en essayant de reconstruire la réalité en la manipulant. Berlusconi passe son temps à essayer de donner à voir une photo retouchée de l’Italie ».
« C’est ainsi que, à la stupéfaction de toute l’Europe, une majorité d’Italiens continue à croire dur comme fer que tous les procès auxquels le président du Conseil doit faire face sont l’effet d’un complot monté par la magistrature communiste soucieuse de le déstabiliser. L’Italie a souvent été le laboratoire du pire en Europe. J’espère que la France n’est pas en train de lui emboîter le pas en perdant accès à la réalité ».
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