Au second tour de l’élection présidentielle, les 5,3 millions de fonctionnaires, qui représentent près de 12% de l’électorat, opposeraient le candidat PS François Hollande à la candidate FN Marine Le Pen s’ils étaient seuls à voter, indique une note du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences-Po) publiée jeudi 26 janvier 2012.
Selon l’étude publiée sur le site du cevipof.com prenant en compte le vote des fonctionnaires François Hollande se retrouverait face à la candidate FN Marine Le Pen.
L’étude rappelle que l’ensemble des agents publics en France est de l’ordre de 5 millions, soit environ 12% de tout l’électorat.
Ce poids électoral est amplifié par le rôle qu’ils jouent auprès des usagers au quotidien et par l’enjeu politique que l’avenir de la fonction publique représente depuis2007.
La remise en cause des fonctionnaires constitue l’une des expressions les plus fortes du déclin des classes moyennes ayant un capital scolaire important mais pas de capital économique.
Le Front national s’était mis à défendre les services publics
La campagne électorale de 2012 s’est très vite inscrite sur un arrière-fond populiste, le nombre des fonctionnaires comme leur statut étant pris pour cibles par de nombreux commentateurs, alors même que le Front national s’était mis à défendre les services publics et que, de toutes les mesures prises par la présidence Sarkozy, la réduction du nombre des fonctionnaires (moins 150. 000 dans la fonction publique de l’État entre 2007 et 2012) était celle qui était la plus critiquée par l’opinion.
La réduction des budgets publics s’est en effet tout de suite traduite par une pénurie de services publics, la qualité ne pouvant pas remplacer la quantité au moment même où la demande de services ne cessait de croître.
À bien des égards, les fonctionnaires se sont retrouvés en position d’être les porte-parole d’une misère sociale grandissante et les témoins du faible altruisme spontané des citoyens français, qui sont peu portés à la solidarité ou à la confiance comme le montrent toutes les enquêtes comparatives européennes.
La «grande différence » entre salariés du public et salariés du privé n’existe cependant pas. Le niveau de diplôme et de responsabilité joue un rôle central dans le degré de politisation ou d’engagement à gauche. La fonction publique est par ailleurs multiple et fragmentée par les métiers et les emplois. Mais il demeure qu’elle constitue en 2012 le point nodal de l’anti-sarkozysme.
De fait, si l’élection ne voyait voter que les seuls agents du secteur public,François Hollande affronterait Marine Le Pen au second tour.
(…)Les intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle en faveur de Marine Le Pen sont très marquées dans la fonction publique hospitalière comme dans les entreprises publiques. Dans la fonction publique de l’État, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen font jeu égal.
Partout, François Hollande arrive largement en tête (et notamment dans la territoriale), semblant capitaliser le vote de gauche alors qu’Eva Joly obtient même un résultat nul dans l’hospitalière, ce qui confirme le décalage entre la place prise par l’environnement dans le discours politique et sa faible traduction électorale. De la même façon, Jean-Luc Mélenchon n’obtient aucun suffrage chez les policiers et les militaires.
Le point nodal de l’anti-sarkozysme
Quelle que soient les variations duvote des fonctionnaires au premier tour de l’élection présidentielle, il demeure qu’il reste dans son ensemble orienté contre Nicolas Sarkozy.
Si l’on compare les résultats d’ensemble obtenus par les divers courants politiques au premier tour de l’élection présidentielle de2007 (Panel électoral français du CEVIPOF) et les intentions de vote estimées en décembre 2011 lors de la seconde vague du Panel 2012,on voit très bien que l’attrait de la droite modérée s’est affaissé dans toutes les catégories de fonctionnaires au profit de la gauche pour les plus diplômés et du Front national pour les moins diplômés.
Néanmoins, et contrairement à ce quel’on pourrait penser a priori, le tassement général des candidats de la droite modérée n’est pas tant dû chez les fonctionnaires à l’abandon de Nicolas Sarkozy qu’au délaissement de François Bayrou qui avait fait des scores impressionnants dans la fonction publique en 2007.
Les cadres du public avaient voté pour lui à hauteur de 21% et les enseignants de 26%. Les intentions de vote de ces deux catégories fin 2011ne sont plus, respectivement, que de 11% et 10%.Dans le même temps, le vote en faveur de Nicolas Sarkozy baisse seulement de 23% à 19%chez les cadres alors qu’il augmente chez les enseignants, passant de 15% à 16%.
On remarque également que François Hollande n’obtient chez les enseignants que 36%d’intentions de vote alors que 41% d’entre eux avaient voté pour Ségolène Royal en 2007, ce qu peut s’expliquer par l’assez bon score de Jean-Luc Mélenchon (12%).
67% des enseignants voteraient pour le candidat du PS
contre 22% pour celui de l’UMP.
En fait, Nicolas Sarkozy ne perd du terrain que chez les fonctionnaires les moins diplômés, passant de 26% à 20% chez les employés du public et de 37% à 27% chez les policiers et les militaires.
Au final du second tour, cependant, les intentions de vote sont sans appel dans l’hypothèse d’un duel entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Le second obtiendrait 58%chez les cadres du public et le premier 28%.
De même, 67% des enseignants voteraient pour le candidat du PS contre 22% pour celui de l’UMP.
Cette hypothèse déplaît cependant fortement aux employés du public comme aux policiers et aux militaires qui se réfugieraient dans l’abstention à hauteur de 21% pour les premiers et de 43% pour les seconds, ce qui vient bien confirmer l’attente impatiente de candidats extrémistes chez les moins diplômés.
La lecture de ces projections laisse entendre que le vote des fonctionnaires en faveur de François Hollande sera plus un vote d’anti-sarkozysme qu’un vote de confiance.
En témoigne également le fait que 78% des cadres du public, 82% des enseignants, 84% des agents de catégorie B, 80% des agents de catégorie C et même 72% des policiers et militaires (contre, par exemple – mais est-ce vraiment un contre-exemple
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