Par Marc SCHLOHA
Comment jugez-vous la campagne pour les présidentielles ?
La campagne a mis du temps à démarrer parce-que si, du côté de Nicolas Sarkozy, on a connu un certain nombre d’idées assez rapidement, nous venons seulement d’avoir connaissance des principales propositions de la candidate socialiste et je trouve qu’on peut enfin commencer à discuter projet contre projet. Grâce à quoi la campagne est devenue plus intéressante parce qu’on est rentré dans le cœur du problème.
Nicolas Sarkozy chiffre ses propositions à 30 milliards sur 5 ans tout en promettant 15 milliards de réductions d’impôts et de charges, pensez-vous cela possible ?
Oui, car Nicolas Sarkozy a fait le calcul qu’en misant sur l’investissement, le travail, cela génèrera des recettes supplémentaires. Ce en quoi il existe 2 approches totalement différentes du PS. Ségolène Royal mise beaucoup plus sur l’assistanat, sur les aides sociales, sur la redistribution et sur les impôts. Rappelons quand même que nous avons un bel exemple avec ce qui se passe dans les régions depuis 2 ans avec la quasi-totalité des régions aux mains des socialistes, alors que du côté de Nicolas Sarkozy on mise sur un allégement des charges, une rémunération du mérite et finalement une économie qui redémarre en redonnant envie aux gens de travailler et ainsi de recommencer à consommer…
Quand Nicolas Sarkozy déclare s’adresser, pas seulement à ceux de sa famille politique, mais à tous les Français, pensez-vous que cela laisse entendre que sa politique sera plus au centre que celle de sa famille d’origine s’il est élu ?
Non je pense que pour la première fois depuis longtemps avec Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a été fait un saut de génération. Jospin – Chirac c’était la dernière génération de l’après guerre, là on passe à la première génération du 21 ème siècle, c’est à dire à une génération beaucoup plus ouverte sur le monde, et on passe aussi à une génération qui certes a toujours vécu avec le clivage gauche / droite, mais qui a conscience que les valeurs bougent. Un ouvrier chez Alstom se reconnaît tout fait dans les valeurs du travail et du mérite défendus par Nicolas Sarkozy. A l’UMP nous préférons donner la priorité dans la campagne aux valeurs que défend notre candidat et je pense que beaucoup de Français peuvent s’y retrouver qu’ils soient de gauche ou de droite.
Nicolas Sarkozy propose de réduire le budget de l’Etat, cela veut-il dire moins de service public ?
Non, cela veut dire des services publics différents et pour certains des services publics un peu mieux organisés, il y a des gains de productivités qui peuvent être faits dans de nombreux ministères. Je prends l’exemple de l‘éducation nationale et si on regarde ce qui se passe dans les départements où nombre de professeurs ou d’enseignants ne sont pas affectés, en organisant un peu mieux ce personnel, on peut arriver à des économies budgétaires importantes. D’autre part l’initiative de Jean-François Coppé qui consiste à organiser des audits par secteurs commence aussi à produire des résultats concrets parce que l’on s’aperçoit qu’un certain nombre de choses pourraient être mieux gérées et sans perte d’efficacité.
Comment expliquez-vous que les candidats aient tant tardé à aborder la question de la dette de la France ?
Parce que l’endettement pendant des années ça a été la facilité, c’est faire des cadeaux aujourd’hui et donner les charges à ceux qui seront là demain. Il y a eu un seuil qui a été franchi l’année passée qui m’a beaucoup marqué car jusqu’alors dans ma circonscription personne ne me parlait de la dette de la France. Le jour où on a commencé à leur dire « on est arrivé à un seuil historique où vos impôts sur le revenu servent à peine à payer les intérêts de la dette », là, j’ai vu pour la première fois des gens commencer à m’en parler. Parce qu’ils se disaient mes impôts ne servent pas à construire une crèche, une école, ils servent à payer les dépenses inconsidérées du passé. Et donc, je crois qu’aujourd’hui l’opinion est mûre sur ce discours parce que les gens quand ils paient des impôts, aimeraient quand même que cela serve à quelque chose de concret et de tangible.
Les préoccupations de vos administrés sont-elles prises en compte dans les programmes des candidats à l’élection ?
Oui du côté de Nicolas Sarkozy, parce c’est quoi les préoccupations de mes administrés, c’est avoir un niveau de vie qui s’améliore, c’est par moment sentir que quand ils travaillent, il y a un vrai plus et je pense que le discours de Nicolas Sarkozy qui défend ces mêmes valeurs, qui n’étaient pas dans l’air du temps il y a quelques années, sont désormais reconnues comme essentielles aujourd’hui et je pense que de plus en plus de Français sont maintenant prêts à le comprendre.
Quelles mesures prioritaires sont oubliées ou négligées par le PS ?
Quand je regarde le discours de Ségolène Royal, le PS a fait un catalogue de mesures ou l’on distribue pour tout le monde alors que Nicolas Sarkozy a une approche radicalement différente et un vrai projet de société. D’un côté on a un discours très classique de gauche, je recevais il y a 24 heures un délégué de l’UMP revenu d’Allemagne, qui me montrait les coupures de presse publiées là-bas, après le discours de Ségolène Royal, où la tonalité générale était que les socialistes n’ont rien appris de ces 20 dernières années en France et continuent leur discours classique. Je pense qu’il faudrait au contraire que le PS propose des valeurs autour desquelles les Français peuvent se rassembler, c’est à dire le travail, la responsabilité, le mérite.
Que pensez-vous de l’idée d’un gouvernement d’union nationale avancée par certains candidats ?
L’union nationale, elle se fait pendant la campagne autour d’un candidat qui après effectivement peut former un gouvernement élargi. Mais franchement, prendre des gens de gauche et de droite qui se sont combattus, les mettre tous ensemble juste après les élections c’est une douce utopie qui ne durera, à mon avis, pas longtemps. C’est avant l’élection que doit se faire l’union nationale et dans ce cas effectivement, il y a une véritable union autour d’un projet cohérent car après c’est trop tard.
Le discours de Nicolas Sarkosy commence à séduire l’électorat des banlieues, traditionnellement ancré à gauche, comment expliquez-vous ce basculement ?
Même s’il peut apparaître comme moins séduisant, pour certains, je préfère le discours qui consiste à dire: travaillez plus, vous aurez une chance de vous en sortir, vous pourrez progresser socialement, plutôt que le discours qui consiste à dire: vous aurez cinq pour cent de plus de RMI ou encore nous « allons réévaluer le RMI ».
Pensez-vous que les médias sont partisans comme le déplore François Bayrou, qui émet des réserves quant aux traitement différents des candidats par les médias ?
Les candidats ne sont pas tous traités de la même manière mais il y quand même une juste représentativité. Sans vouloir vexer personne Madame Ségolène Royal ou Monsieur Nicolas Sarkosy ne représentent pas la même proportion de l’opinion publique que Monsieur Besancenot ou Monsieur de Villiers. Il y a une différence entre l’égalitarisme forcené et l’équité et je crois que globalement, les médias ont un traitement équitable et représentent à leurs justes proportions les différents courants.
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