Eyeka, présidée par Gilles Babinet, fondateur de Musiwave, poursuit son développement dans le secteur d’installation de plates-formes de web tv pour les marques et de diffusion de contenus contributifs, via la communauté de créateurs . Lemédiascope.fr a rencontré son Président . Réalisé par M.Ancelin.
Pouvez-vous nous présenter EYEKA ? EYEKA est une société créée il y a deux ans en 2006, avec pour vocation de faire deux choses. D’une part, d’être une plate-forme de vidéos pour les marques, sachant que les marques commencent à rentrer par le biais d’internet dans le secteur de la télévision, à ce titre, nous leur offrons les outils pour pouvoir être propriétaire de leur canal de télévision. Et puis une deuxième chose qui est complémentaire, consiste à proposer des appels à création pour les marques et à obtenir du contenu vidéo et photo provenant d’une communauté d’auteurs extrêmement qualifiés.Cela répond aux attentes des sociétés qui nous sollicitent pour constituer des plates-formes qui, une fois mises en place, nous disent, très souvent : « maintenant que nous avons résolu le problème technologique, comment fait-on pour faire des contenus ? » Nous apportons une réponse à cela qui consiste à leur donner la possibilité de s’adresser à une communauté de pro-mateurs c’est à dire pour la majorité d’entre eux, des professionnels, qui interviennent dans les appels à la création de contenus pour les marques . Ainsi, nous organisons sur notre site des appels à création, comme nous l’avons fait récemment pour la Macif qui recherche des vidéos sur les accidents de la route, des accidents de la vie. Il y a donc, un plus évident par ce biais, et la communauté répond. Lorsqu’on fait un appel à création, qu’il s’agisse de photos ou de vidéos selon les besoins et les cibles spécifiques, on peut obtenir jusqu’à 1000 réponses.
Qui sont vos clients ?
Ce sont essentiellement des marques , cela va du très haut de gamme mais nous travaillons aussi avec des start-up. Parmi nos clients la Macif, Canon, Canal plus etc..
Pourquoi avez vous choisi de promouvoir la création ?
Ce qui m’intéresse ce sont les nouvelles formes de contenu et puis les nouvelles chaînes de valeur . Ce qui est sûr c’est que s’ il y a un business hyper artisanal et qui n’a pas bougé c’est la production parce-qu’il y a très peu d’acheteurs pour beaucoup d’offreurs , donc c’est un business extrêmement concurrentiel difficile à modifier, en gros si je connais pas quelqu’un qui travaille à la télé, je ne bosse pas. Avec aujourd’hui un rééquilibrage et un écosystème nous pensons que nous avons un business microscopique par rapport à son potentiel. Auparavant j’ai crée Musiwave qui a bien marché et bien je pense qu’aujourd’hui nous avons un buisness qui est beaucoup plus important que Musiwave. Pourquoi, parce que le marché de la publicité dans le monde est un marché qui est sensiblement supérieur à celui du marché de la musique, qui est environ de 25 milliards de dollars alors que celui de la pub est de plusieurs centaines de milliards de dollars. Donc si l’on s’imposait à ne faire que de la publicité, ce marché serait déjà de plusieurs centaines de milliards de dollars. Et d’autre part on ne s’adresse pas uniquement aux gens qui font de la publicité, puisque l’on peut faire du contenu et notamment des films et des documentaires et des tas d’autres choses. « ..pour la musique c’est vrai que ce n’est plus au consommateur de payer la musique. Je le dis assez souvent ce qui me vaut de nombreuses attaques ».
Vous avez récemment déclaré que le paiement de la création serait désormais fait par les marques. Qu’en est-il dans les faits ?
Effectivement je le dis souvent mais dans un autre contexte qui concerne plutôt la musique . Il faut quand même être conscient qu’il y a vingt ans on pronostiquait la mort des marques et aujourd’hui on se rend compte que la marque est un élément synthétique d’identification. On sait que à priori si il y a marqué Skip, c’est de la lessive. Et donc les marques sont devenues extrêmement fortes et pour les produits d’identification qui renforce le potentiel de marque. Et pour la musique c’est vrai que ce n’est plus au consommateur de payer la musique. Je le dis assez souvent ce qui me vaut de nombreuses attaques.
« …La musique était plus en risque à l’époque où elle était contrôlée par les maisons de disques, elles-mêmes vassales des radios et donc toutes les musiques se sont mises à être formatées … » .
Pensez vous que la création est de ce point de vue en danger ?
Il y a un seul pays au monde où l’on dit cela : c’est la France. Les marques c’est pas des anges et il est vrai qu’il existe une grosse menace sur la création mais il faut admettre que la perméabilité des créateurs est beaucoup plus forte que celle des marques . Les créateurs réagissent plus vite que les marques , qu’ ils détournent plus vite . Les marques ne maîtrisent pas la création aussi rapidement que la création s’approprie les marques. La musique était plus en risque à l’époque où elle était contrôlée par les maisons de disques, elles mêmes vassales des radios et donc toutes les musiques se sont mises à être formatées à trois minutes trente secondes. Les Pink Floyd et tout ça, ça a disparu. Dans un monde où nous entrons de plein pied dans l’éclatement des formats devenus illimités, le débat c’est pas tellement la marque, d’autant qu’aujourd’hui on peut créer sa propre marque. Là où je pense qu’il y a un vrai problème, c’est comment on fait aujourd’hui pour produire Titanic ? aujourd’hui à Hollywood, il y a des producteurs qui refusent des scénarios, en disant : ça c’est un scénario qui se pirate. Donc ils intègrent à l’avance la donnée du piratage pour déterminer le choix du scénario retenu. Il y a des films qui se piratent moins que d’autres. Je pense qu’il y a des films où les prescripteurs sont les parents et d’autres, les enfants. A priori, les parents n’envoient pas leurs enfants voir Hulk spontanément, mais ils en parlent dans la cour d’école. Et c’est ce qui fera que le film sera dans la liste des films les plus piratés. En conclusion, l’écosystème a fait un 180 °.complet. Auparavant il y avait les producteurs qui décidaient et les créateurs qui suivaient, maintenant, la situation c’est inversée. Et aussi bien sur notre plate-forme , il y a des marques qui débarquent pour s’adresser par notre biais aux créateurs et qui obtiennent un retour sur appel à création et de production sans équivalent. La Macif en est une de ces réussites.
Quelle est la stratégie de développement d’EYEKA ?
Je crois beaucoup à la formule clé en main, nous sommes dans un monde complexe, il faut simplifier les choses. Pour cette raison nous sommes positionnés sur deux offres principales, plates-formes d’un côté, appel à création pour le compte de marques, de l’autre. On a plus d’appel à création qui rapportent moins que de mise en place de plate-forme qui rapportent plus. « Il y a vingt ans, le budget minimum pour faire une télé c’était 30 millions de dollars , maintenant le budget pour faire une télé via le satellite c’est 1 million de dollars »
Comment se porte votre activité Web Tv ?
C’est un marché en pleine explosion, pour plusieurs raisons et au premier rang desquelles , il y les coûts. Il y a vingt ans, le budget minimum pour faire une télé c’était 30 millions de dollars , maintenant le budget pour faire une télé via le satellite c’est 1 million de dollars. Et au delà de ça, lorsque je paie un million de dollars je ne produis pas les contenus. La baisse des coûts, c’est une première révolution qui a tiré a qualité vers le bas. Mais la révolution qui tire les prix vers le bas, mais qui augmentent la qualité , c’est le fait que je peux aujourd’hui, aller m’acheter un caméscope au coin de la rue, après il n’y a plus que le talent qui me différencie de mes concurrents. Internet étant aussi un média , le marché explose. Bien que ce marché soit naissant EYEKA se place déjà comme un des acteurs clé de la web tv clés en main.
EYEKA se développe à l’international avec l’ouverture d’une première filiale à Singapour. L’international est-il une priorité ?
L’Asie c’est 8 % de croissance de PIB par an et une frénésie de consommation d’où l’importance pour les marques d’être présentes. C’est une population qui n’a pas connu la logique des anciens médias. Les primo accédants, n’ont pas connu l’affichage 4×3 , ni trois heures de télévision par jour, c’est une vision parfaitement nouvelle qui favorise l’entrée dans une logique et un marché de télévision sur mobiles où les marques sont très puissantes. Nous nous devions d’être aussi présents sur ce marché en pleine croissance.
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