Claude-Yves Robin, le directeur général de France 2, explique dans Le Figaro à paraître mercredi pourquoi la chaîne amiral du groupe audiovisuel public France Télévisions doit rajeunir son audience.
Ancien patron de France 5 et France 4, Claude-Yves Robin a été nommé à la tête de France 2 l’été dernier.
Le Figaro : « Un séminaire sur le devenir de France 2 s’est tenu la semaine dernière. Qu’en est-il ressorti ? »
Claude-Yves Robin : « Ce séminaire des managers, consacré aux lignes éditoriales des chaînes, était un point d’étape. Ce travail stratégique se clôturera en mai. Mais pendant les travaux, la vie continue. France 2 est aujourd’hui concentrée sur la reconquête des publics de 40-50 ans qui sont les plus difficiles à toucher.
Cette stratégie recouvre une triple nécessité. Tout d’abord, éviter que France 2, France 3 et France 5 se cannibalisent. Parce que France 2 a privilégié trop longtemps les programmes patrimoniaux, nous nous retrouvons avec un âge moyen de nos téléspectateurs à peine moins élevé que celui du public de France 3.
Ensuite, à l’heure où la vente de téléviseurs numériques explose – il s’en vendra près de 10 millions en 2011 -, il faut être capable d’offrir des spectacles qui fédèrent et donnent envie à toute la famille de se retrouver devant l’écran dans un moment de partage. Enfin, ce rajeunissement est d’autant plus essentiel que ces cibles – les actifs et les jeunes – sont moteurs dans le développement de la consommation des médias en mobilité.
Ne pas être en temps réel, c’est prendre le risque de rater les usages nouveaux et créer une fracture numérique entre nous et le public. France 2 doit être contemporaine, réactive et capable de casser sa grille. »
« Notre audience est stable depuis le mois de septembre, à 15,3 % »
« Notre audience est stable depuis le mois de septembre, à 15,3 %. Néanmoins, nous devons aller chercher de nouveaux publics, quitte à perdre un peu momentanément, le temps de créer de nouvelles habitudes.
La fiction Les Beaux Mecs, par exemple, n’a fait certes que 12,9 % de part d’audience, mais elle nous a apporté un public plus équilibré et plus jeune. Il s’agit d’une nouvelle écriture que nous voulons défendre. Le temps qu’elle s’installe auprès du public, nous serons chahutés mais c’est le prix à payer pour exister durablement dans un paysage audiovisuel où les chaînes numériques atteindront peut-être 40 % de l’audience avec les chaînes « bonus ».
» Pour s’inscrire au-dessus des 15 %, il faut donc
accepter cette légère inflexion ».
Pour s’inscrire au-dessus des 15 %, il faut donc accepter cette légère inflexion qui durera peut-être six mois. Par ailleurs, dès que la chaîne fait preuve de réactivité, comme ce fut le cas pour nos journaux télévisés au cours des dernières semaines, l’audience peut monter jusqu’à 24,5 %. En quatre ans, nous avons réduit de deux tiers l’écart avec le JT de TF1. »
« Il est essentiel de clarifier la position de chacune des chaînes. Pour améliorer cette lisibilité, nous avons déjà effectué une dizaine de transferts de programmes entre France 2 et France 3. À la première, les sujets contemporains, les comédies, les policiers et les sujets de société. À la seconde, la famille, l’histoire, la passion et le frisson. »
« Pour dénicher les pépites de demain, nous voulons engager des partenariats d’écriture et de développement sur le long terme avec les producteurs. Quant aux séries américaines, nous disposons d’une case dédiée par semaine, le lundi, qui est amplement suffisante. Nous ne souhaitons pas être en frontal avec nos concurrents qui en diffusent une vingtaine par semaine. »
« Avec Élise Lucet, David Pujadas, Sophie Davant, Frédéric Lopez, Laurent Delahousse et Nagui, France 2 peut se flatter d’avoir le plus de visages plébiscités par le public dans les baromètres de notoriété. Ils sont nécessaires et il faut faire grandir de nouveaux talents. Mais les chaînes ont aujourd’hui besoin de stabilité et toute greffe n’est pas évidente. Là aussi, nous sommes dans une logique de clarification entre les différentes chaînes. Nous accueillons de nouveaux visages comme Fabien Namias ou Véronique Mounier. Mais c’est surtout en deuxième partie de soirée que nous testons de nouveaux formats et animateurs comme par exemple Olivier Delacroix qui propose « Dans les yeux d’Olivier ». »
« Le programme « Une semaine sans les femmes » a réalisé
notre meilleure audience (14,3 %) du mardi soir !
« Le programme « Une semaine sans les femmes » a réalisé notre meilleure audience (14,3 %) du mardi soir ! Alors, oui, nous avons plusieurs projets, mais nous ne ferons pas comme M6 ou TF1 de la télé-réalité addictive ou formatée. Nous resterons dans le registre propre au service public et nous appliquerons l’écriture de la télé-réalité au magazine, au documentaire ou encore au divertissement. »
« Pour qu’un programme s’installe sur la chaîne, il lui faut un an. En septembre prochain, nous aurons renouvelé 25 % de la grille par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés. Nous prévoyons ensuite de nouveaux rendez-vous à Noël prochain puis au printemps et à la rentrée 2012. Quant au budget de France 2, il a progressé de 1 % à 801 millions d’euros. Dans le même temps, nos recettes publicitaires sur les trois premiers mois de l’année ont progressé de 4 %. C’est une sanction positive de notre position sur le marché. »
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans Le Figaro ce mercredi 23 mars.
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