Jean Perrin, Président de l’UNPI (Union nationale de la propriété immobilière) était l’invité de BFM jeudi.
Jean Perrin « si les loyers progressent moins vite que les prix, la rentabilité diminue ».
Jean Perrin : On est très inquiets parce que les propriétaires, ils ne sont pas vendeurs, ils sont plutôt acheteurs, la nature même d’un propriétaire bailleur, c’est d’investir dans l’immobilier.
Donc plus son investissement est élevé plus il va devoir trouver une rentabilité.
Or il sait aujourd’hui que les loyers qu’il va pouvoir trouver ne seront plus au même niveau que ce qu’il peut espérer trouver et qu’ils ne progressent pas aussi vite que les prix, ce qui veut dire que si les loyers progressent moins vite que les prix, la rentabilité diminue.
« comme les gens n’ont pas les moyens, même si ils ont besoin de logements,
ils ne peuvent pas payer des nouveaux loyers »
BFM: Les loyers progressent moins vite que les prix aujourd’hui en France, mis à part certaines zones ultra tendues?
Jean Perrin: Alors même sur Paris, si vous prenez les observatoires des loyers sur Paris, on est plutôt à la stagnation.
Et on n’est pas à la stagnation par la sagesse des propriétaires, par la volonté des locataires, on est à un niveau de stagnation par la capacité de financement des locataires, vous savez quand quelqu’un gagne 3000 euros par mois , il ne va pas prendre un loyer à 2500 euros, donc comme les revenus ne progressent pas, on va plutôt vers un statut de pauvreté en France.
Donc comme les gens n’ont pas les moyens, même si ils ont besoin de logements, ils ne peuvent pas payer des nouveaux loyers qu’on ne peut plus financer et donc l’investissement devient moins rentable.
BFM: Donc en plus il y a un impact sur le croissance, à un moment ou on s’étrangle presque pour payer un loyer, derrière on a plus les moyens de payer quoi que soit?
Jean Perrin: On ne consomme plus rien du tout, c’est le gros problème aujourd’hui du fait du niveau des loyers dans certains secteurs.
Il ne faut pas oublier que dans certains territoires, par exemple à Belfort ou à Clermont Ferrand les loyers baissent, même à Dijon qui est une ville importante, les loyers baissent mais pour les locataires c’est vrai que quand ils ont leurs charges de loyer qui sont élevés, ils ne peuvent plus rien dépenser à côté.
Ce qui est paradoxal c’est que s’ils ne dépensent rien dans d’autres domaines, par exemple le téléphone, la consommation, les vêtements et tout , ils ne peuvent pas acheter.
Alors que le loyer, ils ont encore cette chance par les textes qui les protège, c’est que même si ils ne payent pas ils continuent d’habiter, et c’est pour cela qu’il y a des grosses inquiétudes des propriétaires en se disant non seulement ils ont des difficultés à payer mon loyer, mais c’est la dernière chose qu’ils vont payer maintenant alors qu’avant c’était la première.
Puisque si ils ne payent pas leur téléphone, on leur coupe, si ils ne payent pas le carburant on ne leur en met pas dans leur voiture. Donc si vous voulez le premier puni sur cette baisse de finance des locataires, c’est pas le locataire, c’est le propriétaire.
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Jean Perrin: Depuis longtemps l’UNPI dit que l’aide à la pierre c’est pas bon, mais d’ailleurs comme toute aide aux marchés.
A partir du moment ou l’on veut jouer sur un marché, on le dérégule, on le déstabilise, on a bien vu qu’avec le Scellier on construisait des immeubles là ou il n’y en avait pas besoin, on n’arrivait pas à en construire là ou il y en avait besoin, donc on déséquilibre le marché, on déstabilise et au final c’est de l’argent qui est gaspillé.
Donc l’Unpi a toujours dit: arrêtez ça, laissez jouer le marché, en revanche, si vous pensez que la solidarité nationale doit aider les gens à se loger et bien il faut augmenter l’aide personnelle et la donner à la personne qui en a besoin, au moment ou elle en a besoin, le temps qu’elle en a besoin.
Parce que quand vous faites une aide à la pierre, vous aidez un immeuble à coûter moins cher, donc à être loué moins cher, mais on ne sait pas qui en profite tandis que quand vous aidez une personne et que tous les ans vous lui dites: donnez moi votre feuille de revenus que je vois si je dois vous aider ou pas, c’est que l’aide va au bon endroit.
Mais aujourd’hui, quand vous avez quelqu’un qui gagne 10 000 euros par mois et qui est logé dans un logement public qui a bénéficié d’aides de l’état et autres , qui a des gros revenus c’est de l’aide gaspillée c’est même de l’injustice sociale.
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