Après son humiliation 2-0 contre la Suède, l’équipe de France de foot semble déjà avoir retrouvé ses vieux démons de la dernière coupe du monde : arrogance, agressivité et médiocrité du jeu. Seulement voilà
Il n’y a pas que sur le terrain footballistique que la France inquiète. En effet, en l’espace d’une semaine, l’économie française a reçu plusieurs gifles qui seront certainement lourdes de conséquences : remontrances allemandes, moqueries anglaises, revers mexicains au G20, avertissement américain en matière d’attractivité hexagonale et, pour couronner le tout, confirmation par l’INSEE qu’après avoir connu une récession historique en 2009, l’économie nationale est déjà en train de repartir dans les affres de la récession.
A l’évidence, il aurait été difficile de faire pire. Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles, le Président Hollande et le Premier ministre Ayrault n’ont même pas eu le temps de profiter de leur victoire aux législatives qui confèrent désormais au Parti Socialiste les pleins pouvoirs : Présidence, Assemblée, Sénat, Régions, Cantons, Communes…
Encore mieux, ou encore pire (en fonction de son bord politique) qu’en 1981…
Malgré ce grand chelem, les dirigeants français font cependant face à un dilemme : faut-il profiter de cette hégémonie pour engager un clash avec l’Allemagne et les autres partenaires de la zone euro ? Ou, au contraire, faut-il utiliser cette « vague rose » pour responsabiliser les partenaires politiques et syndicaux de manière à réduire les dépenses publiques et réformer l’économie française ?
En dépit de fuites organisées qui laisseraient croire qu’une réduction des dépenses publiques pourrait avoir lieu dans les prochains mois, force est de constater que, pour le moment, c’est la première stratégie qui semble être favorisée. Et pour cause : les premières mesures qui seront prises dans quelques jours et commencent déjà à être annoncées ici ou là, iront dans le sens d’une augmentation des dépenses publiques et d’un alourdissement de la pression fiscale.
Dans ce cadre, l’attaque ironique de David Cameron lors du dernier sommet du G20 qui promet de dérouler le « tapis rouge » aux entrepreneurs français fiscalement assommés constitue presque un avertissement amical à l’égard d’un François Hollande qui paraît hermétique à la concurrence internationale.
« si de plus en plus d’ingénieurs et d’entrepreneurs quittent notre douce France
pour ne plus revenir, ce n’est pas par manque de patriotisme »
Car, il faudra bien un jour arrêter de se voiler la face : si les entreprises françaises investissent à l’étranger, si de plus en plus d’ingénieurs et d’entrepreneurs quittent notre douce France pour ne plus revenir, ce n’est pas par manque de patriotisme, mais surtout pour des raisons de survie liées notamment au manque de compétitivité de l’économie hexagonale. A cet égard, les 400 000 Français qui habitent à Londres n’ont pas attendu les conseils de M. Cameron pour faire leur baluchon.
Par ailleurs et à titre de comparaison, il est clair que si les entreprises allemandes sont restées présentes en Allemagne, ce n’est pas parce qu’elles sont plus patriotes que leurs homologues françaises, mais parce que, depuis plus de dix ans, les dirigeants politiques germaniques ont tout fait pour les garder. Baisse de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 20 %, réduction des charges sur les entreprises, modernisation du marché du travail, baisse des dépenses publiques…
Et ne nous leurrons pas : l’essentiel de ces mesures n’ont pas été prises par Mme. Merkel, mais par M. Schröder et le SPD. Il n’est donc pas nécessaire d’être un grand méchant ultra-libéral pour abaisser le train de vie de l’Etat et améliorer le fonctionnement d’une économie vers une plus grande efficacité. Il suffit simplement de faire preuve de bon sens.
C’est en cela que la semaine difficile que viennent de traverser la diplomatie et les dirigeants politiques français doit être utilisée à bon escient : comment peut-on encore vouloir augmenter la pression fiscale française alors que c’est l’une des plus élevées du monde ? Plus de 45 % de prélèvements obligatoires par rapport au PIB et un taux d’imposition moyen sur les entreprises de 35 %.
Il n’y a guère que les pays scandinaves pour nous battre sur ces fronts (et pas seulement en foot). Il est clair que si nous allons plus loin, le peu de croissance qui nous reste va disparaître, ce qui réduira mécaniquement l’assiette fiscale et amoindrira les recettes fiscales à venir. C’est bien connu, mais trop d’impôts tue l’impôt. Il n’y a qu’en France que nous refusons d’admettre cette évidence empiriquement vérifiée.
De même, comment peut-on encore vouloir augmenter les dépenses publiques, alors qu’elles représentent plus de 56 % de notre PIB ? Comment peut-on continuer de faire supporter près de 60 % de notre économie par les 40 % restants qui n’auront bientôt d’autres choix que de périr ou de partir ?
Tous les pays de la planète ont compris ces évidences, sauf la France. S’il est vrai que le syndrome d’Astérix et du village gaulois qui résistent au monde entier est plaisant, il est loin de correspondre à la réalité.
Alors, de grâce Messieurs Hollande et Ayrault, n’écoutez pas les tentations de l’extrême gauche, des Sapin et autre Montebourg qui rêvent d’une taxation confiscatoire. Pourquoi vouloir absolument égaliser par le bas, alors que la France et ses entreprises ont tellement d’atouts ?
En fait, nos entreprises sont mêmes plus fortes que leurs homologues allemandes et anglo-saxonnes. Et pour cause : si en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, tout est fait pour favoriser les entrepreneurs et les aides à réussir.
En France, tout est fait pour les freiner et faire culpabiliser les entrepreneurs qui réussissent. Jusqu’à présent, les entreprises françaises ont su faire face à l’adversité, mais ceci ne pourra pas durer éternellement.
C’est le message qu’adressent Mme Merkel et M. Cameron aux dirigeants politiques français : si vous continuez à accroître la pression fiscale et à augmenter la dépense publique, vous allez appauvrir la France et par là même la zone euro. C’est d’ailleurs là que réside la vraie inquiétude de la semaine : l’Union européenne et la zone euro ne sont plus un jeu coopératif mais commencent à devenir un terrain d’affrontement et pas seulement footballistique.
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