Dans son dernier livre « Les Grands Criminels de l’Histoire » Jacques Expert revient sur plusieurs grandes affaires criminelles qui ont défrayé la chronique du XV ème siècle à nos jours et qui dans beaucoup de cas sont tombées dans l’oubli.

Gilles de Rais ( Maréchal de France et sérial killer), Louis Mandrin ( Ennemi public), Hélène Jégado ( L’empoisonneuse bretonne), Jeanne Weber ( l’ogresse de la Goûtte d’Or, Albert Fish ( Le vampire de Brooklyn), sont quelques uns des « Grands Criminels » dont l’histoire est racontée dans le livre de Jacques Expert. Interview

Lemediascope.fr : Quel est le point commun entre tous « Les Grands Criminels de l’Histoire » que vous citez dans votre livre ?

Jacques Expert : « Le point commun c’est que ce sont tous des criminels je dirai , mais il n’y a pas de point commun si on prend deux extrêmes comme Ravachol qui était un anarchiste et Albert Fish qui est un serial killer américain .

En revanche sur les grands criminels style serial killer ou des gens dont le crime est proche presque d’une certaine pathologie , je dirai qu’il y a un point commun à tous ces criminels c’est l’enfance.

Une enfance maltraitée peut créer systématiquement des criminels. Mais c’est sûr qu’il y a un point commun à tous les criminels, notamment les criminels en série ou vraiment des gens qui ont des parcours chaotiques, c’est une enfance difficile alors comme je dis cela mais ça n’explique pas tout mais ça explique en partie pourquoi ces gens là ont basculé du côté du crime.

L’époque actuelle produit-elle autant de grands criminels que par le passé ?

Franchement je ne crois pas, je crois que le crime est dans l’humanité, après sans doute qu’elle crée des expressions criminelles différentes.

Après les crimes passionnels, les crimes de fou, de serial killer, cela a toujours existé. Mais la médiatisation qu’il existe aujourd’hui fait sans doute qu’on en parle plus qu’on en parlait à une époque.

L’époque actuelle, non, mon sentiment ne crée pas plus de criminels, il y a autant de crimes aujourd’hui qu’il y en avait auparavant. C’est simplement la façon de tuer parfois qui a changé, les criminels d’hier d’une certaine façon ressemblent aux criminels d’aujourd’hui.

Quel regard les criminels portent ils sur eux- mêmes ?

Je pense qu’il n’y a pas de caractéristiques particulières, entre un serial killer américain entre Ted Bundy et Issei Sagawa par exemple le japonais cannibale, je pense qu’il n’y a pas.

Je pense que le regard de chaque individu sur sa propre personnalité est différent.

Objectivement il n’y a pas de règle, il y a sans doute des criminels qui éprouvent de la honte , d’autres de la fierté, d’autres des intérêts, d’autres du cynisme.

Je pense que chaque criminel par rapport à son crime à sa propre vision de ce qu’il est lui même par rapport à l’acte qu’il a fait.

Comment expliquez-vous la fascination du public à l’égard des criminels?

Je pense que s’il fallait parler de fascination, c’est d’abord une fascination de la mort.

Chez tout individu il y a une fascination face à la mort , et après il y a une fascination par rapport à celui qui est passé à l’acte , parce qu’on est tous des individus, des humains sur terre et qu’il y a toujours une fascination vers des personnages hors norme et le criminel, à partir du moment ou il passe à l’acte devient un personnage hors norme.

Parmi les criminels que vous citez, quels sont les noms des trois plus emblématiques ?

C’est difficile, en même temps je pense à des noms et en même temps il y en à d’autres qui viennent!

Je vais quand même en donner trois, je pense à Albert Fish cette catégorie de personnages comme lui comme Ted Bundy , qui sont des criminels particulièrement redoutables ou même John Gacy qui sont des serial killer américains et qui cachent une personnalité particulièrement monstrueuse derrière une façade honorable.

C’est à dire vous prenez Albert Fish c’était un vieux papy et c’est un des pires criminels en série américain qui existent , derrière une façade d’un grand-père et père aimant est un véritable monstre redoutable et particulièrement cruel.

Le docteur Petiot continue toujours à fasciner, avez vous une explication à cela?

Dans la fascination du Docteur Petiot, je pense qu’il y a plusieurs choses qui interviennent : c’est la période, et la personnalité du Docteur Petiot , c’est à dire c’était un bon docteur bien aimé par ses patients et qui a fait un truc particulièrement horrible aussi.

Il entre aussi dans la catégorie des Albert Fish et compagnie.

Derrière un bon docteur apprécié par ses patients, il y a quand même un type qui était un escroc déjà et ensuite un criminel sans aucune moralité .

C’est souvent cela qui est étonnant chez les criminels, c’est cette double personnalité.

Je pense par exemple à Jeanne Weber, celle que l’on appelait «l’ogresse de la Goutte d’Or» qui était une femme qui apparemment s’occupait bien des enfants, à tel point que l’assistance public lui a donné la gestion d’une crèche et qui assassinait des enfants.

C’est souvent cette dichotomie dans le personnage qui est intéressante et la fascination du Dr Petiot et d’autres c’est sans doute cela aussi la perversité de leurs crimes .

Sur la psychologie des criminels, quel est leur mobile?

Le criminel c’est parfois la pulsion, c’est presque une question de criminologue que vous posez.

Moi je raconte des histoires dans ce livre, en revanche, il n’y a pas de règle qui explique le passage à l’acte d’un criminel.

Chacun à sa propre folie par rapport au crime car c’est quand même un acte de fou de tuer quelqu’un d’autre.

Donc certains sont déclarés fous et d’autres ne le sont pas et donc sont exécutés alors qu’ils auraient mérités d’être déclarés fous notamment.

Sur le degré de folie, la justice d’aujourd’hui est beaucoup plus scrupuleuse que ce que cela ne l’a été par le passé. On a envoyé à la guillotine et on a exécuté des gens qui étaient réellement des fous par le passé, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ».

Jacques Expert est journaliste. Longtemps grand reporter à France Inter et France Info, il a notamment suivi l’affaire Villemin. Actuellement Directeur général adjoint de la chaîne Paris Première, il est également l’auteur de plusieurs romans policiers ( Adieu Sonatine 2011).

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