Norbert Gaillard est consultant à la Banque mondiale spécialiste des notations souveraines et auteur du livre « Les Agences de notation » (La Découverte).
Sur BFM Radio, il a décrypté les débats autour de l’indépendance et de la fiabilité des agences de notation.
Norbert Gaillard : « ( …) on a beaucoup parlé au cours des derniers mois des conflits d’intérêt qui avaient posé problème au sein de l’industrie de la notation, et en particulier le fait que les agences, en plus de leur job en aval qui consistait tout simplement à noter les fameux produits structurés, avaient en amont eu un rôle de consultants officieux auprès des banques.
Donc là, on s’aperçoit qu’en plus de ce problème de conflit d’intérêt, les agences vraisemblablement ont été trompées par les banques qui structuraient ces fameux produits. Du coup, on peut donc considérer qu’elles n’ont pas pu établir des diagnostics véritablement objectifs et crédibles en partie à cause des banques elles-mêmes ».
A la question les banques avaient -elles tous les éléments pour bien noter les produits , Norbert Gaillard répond :
« Exactement. Là, selon toute vraisemblance, ça vient quand même porter de l’eau au moulin des agences pour se défendre et contrer en quelque sorte les attaques qu’elles avaient subies, notamment du fait des régulateurs qui considéraient que les conflits d’intérêts étaient patents (ce qui était tout fait juste).
Mais là, de toute évidence, les banques ont trompé les agences de notation.
Lorsque l’on se rend compte que ces produits, qui étaient donc structurés selon des processus relativement longs et complexes et pas seulement un processus 100 % financier, car il y avait également des consultants et des juristes qui intervenaient au moment de la titrisation et de la structuration des produits, lorsque l’on sait que ces produits étaient d’une grande complexité au point que, il faut le rappeler, il y a deux Ben Bernanke le président de la Fed avait suivi un cours intensif de 15 jours sur la titrisation;
Si les banques ont, en plus des pressions exercées sur les agences pour obtenir des « ratings » un peu plus favorables que ceux qui étaient justifiés par la qualité intrinsèque du produit, elles ont fourni de fausses informations en aval, au moment où les agences avaient à faire le rating de ce produit, dans ce cas-là on est dans une situation qui est complètement faussée et biaisée.
Mais ça ne change rien au fait, comme je le disais dans mon ouvrage et comme je le répète, qu’il y a un problème de conflit d’intérêt qui est en train d’être réglé à la fois par les différentes règlementations qui sont mises en place aux Etats-Unis et en Europe » a indiqué Norbert Gaillard sur Radio BFM.
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