Olivier Adam de « Les Lisières » ( Flammarion), donné favori pour le prix Goncourt, n’a pas été retenu dans la première sélection, ce qui n’empêche pas les lecteurs de lui rester fidèles.
Olivier Adam était l’invité de l’émission de France 5 « La Grande Librairie » présentée par François Busnel.
François Busnel : Qui est-il, ce Paul Steimer qui condense tous vos romans et toutes vos obsessions ?
Olivier Adam : C’est un type qui doit dealer en permanence avec ce rapport au monde un peu incertain. Incertain de sa place, de son identité il a grandi dans ses zones justement sans réelles identités, les banlieues, les périphéries ;
Et il croit avoir construit quelque chose avec l’écriture avec son couple en s’installant dans un endroit qui lui est, plus une identité forte , mais cette installation correspond à une espèce de fuite pour lui , c’est la Bretagne.
Et au moment où s’ouvre le livre il a été expulsé de tout ce qu’il a cru construire pour tenir debout, tout ce qu’il a cru inventer. C’est quelqu’un qui croit qu’on n’est pas grand chose, qu’on est ce qu’on choisit d’être.
François Busnel : Il a tort de croire, qu’on est ce qu’on choisit d’être ?
Olivier Adam : Non je ne crois pas. Mais je crois que parfois s’inventer est plus fragile que reposer sur des racines. Si vous voulez quand je disais, ces lieux son identité ( en parlant des périphéries)c’est sans doute quelque chose qui vous suspend un peu dans le vide. Mais c’est aussi une chance. C’est une chance à mon avis de n’appartenir à rien. D’aller où on va et de se réinventer en permanence.
François Busnel : il croit qu’il n’appartient à rien, sauf que le jour où il est expulsé de cette vie, qu’il croit avoir reconstruit par la femme qu’il aime il lui prend ses enfants, il lui prend ses espoirs. Comme par hasard, sa mère tombe malade, il doit revenir en banlieue, et il se trouve que la banlieue c’est aussi l’endroit d’où il vient. Que c’est un endroit qu’il a fui mais surtout un endroit d’où il ne donne aucune nouvelle..
Pour se réinventer est-ce qu’il faut faire table rase sans en parler à sa famille ni à ses amis ?
Olivier Adam : Je ne sais pas si il a fui c’est son parcours qui s’est fait comme ça. C’est un enfant de l’ascenseur social qui aurait réussi alors que pour beaucoup des camarades qu’il va rencontrer cet ascenseur social, il l’ont raté. Il vient d’un milieu ouvrier. Ses parents se sont sacrifiés pour que leurs enfants fassent des études. Ils les ont faites. Son frère est devenu vétérinaire. Lui a étudié les lettres et est devenu écrivain.
Simplement il n’est pas le fruit de n’importe quel ascenseur social, parce-que devenant écrivain, il devient quelqu’un qui prend possession des mots, qui prend possession de l’invention de soi, qui prend possession de la parole et qui sait du coup inventer sa propre vie.
Ecrire c’est être « en retrait du monde
tel qu’il va, pour avoir ce temps de recul«
En ce qui me concerne écrire est l’aventure la lus exaltante que je connaisse. J’ai un rapport totalement non-doloriste à l’écriture. J’ai un rapport pour le coup non-doloriste d’être dans l’exploration vers la réinvention et le départ vers autre chose.
Ecrire, ça nous intime de nous placer à un endroit très particulier de la société et de notre rapport aux autres. Cela nous demande d’être à la fois là et légèrement en retrait. En retrait du monde tel qu’il va, pour avoir ce temps de recul qui nous permet peut-être de mieux le donner à voir derrière les choses.
Je pense que dans toutes les relations humaines, affectives, sociales, familiales, ça nous met en porte à faux.
François Busnel : Ca veut dire qu’être écrivain c’est être insupportable pour les autres ?
Olivier Adam : C’est être assez invivable. D’abord parce-que moi, je ne suis jamais vraiment là. Je suis tout le temps happé par mes livres. Je me tiens tout le temps en retrait des choses, tout le temps à observer derrière. Et puis en plus, j’utilise la matière humaine qui est autour de moi pour faire de la littérature qui à faire de la peine à des gens ..
François Busnel : Vos anciens copains disent ++ Je suis pas sûr d’avoir envie de prendre un verre avec toi, je vais finir dans un livre++
Olivier Adam : On est des vampires, en tous cas moi, je suis un vampire.
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Olivier Adam parle de son livre » Les Lisières »
interview sur France Info
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