François Hollande doit intervenir dimanche soir au JT de 20 heures de TF1 et répondra aux questions de Claire Chazal.
Si son interview d’une vingtaine de minutes devrait être très suivie par une opinion inquiète, en cette rentrée, François Hollande déclare samedi dans le quotidien Le Monde, vouloir donner la priorité à « la constance » dans l’action du chef de l’Etat en opposition à la « réactivité maximale » de Nicolas Sarkozy.
Pendant la campagne présidentielle, le candidat F. Hollande s’était engagé à être un président « normal », mais face à l’ampleur de la crise, il doit agir rapidement et sur plusieurs fronts.
Cette semaine F. Hollande fait la Une de plusieurs magazines de tendances de gauche comme de droite, qui l’interpellent et le pressent d’agir.
Le seuil des 3 millions de chômeurs franchi en août, confirmé dimanche dernier par le ministre Michel Sapin, a remis l’emploi au devant des priorités.
La première préoccupation des Français est ainsi devenue la première préoccupation du gouvernement.
Deux promesses de campagne de François Hollande devraient voir leur mise en œuvre accélérée.
D’une part, trois semaines avant la date prévue, le projet de création de 150.000 emplois d’avenir va entrer en discussion au Sénat dès lundi.
D’autre part le ministre Michel Sapin a accéléré le calendrier sur les 500.000 contrats de génération et a livré les pistes de travail qu’il entendait privilégier.
Pourtant dans l’opinion, le doute semble l’emporter sur l’efficacité des contrats aidés, très utilisés aussi par les gouvernements précédents et qui n’ont jamais permis d’endiguer durablement le chômage.
Les mesures retenues coûtent cher, au moins 5 milliards pour les deux dispositifs promis par François Hollande, sur le quinquennat, sans aucune garantie sur la durée.
« je crois plus à la création d’emplois qu’à la défense
de ceux existants » ( Jacques Attali)
L’économiste et essayiste Jacques Attali a déclaré lundi dans Le Parisien à propos de l’action du chef de l’état :
« Le monde est devenu tragique, toute crise en Afrique ou au Moyen-Orient a un impact sur nous beaucoup plus sensible que jadis. Ce n’est pas plus tragique que ce qu’a affronté Sarkozy avec la crise, ou Mitterrand avec le bombardement israélien sur la centrale nucléaire irakienne en 1981. La situation est très lourde.
La nouveauté, c’est que, pour la première fois, un président se retrouve sans marge de manœuvre budgétaire au début de son mandat ».
« Le mandat de François Hollande se terminera par une avancée vers l’Europe fédérale ou par une disparition de l’euro »
A la question « Cela limite ses moyens de lutter contre le chômage? » Jacques Attali répond :
Cela ne le prive pas de tout moyen. Le rapport de la commission que j’avais produit proposait 316 mesures sans impact budgétaire.
La principale réforme pour l’emploi, c’est l’innovation, la réorganisation de l’éducation, la concentration de la formation permanente sur la reconversion des travailleurs vers d’autres métiers, le transfert des charges sociales vers un autre impôt, CSG ou autre…
Si la crise n’était pas grave, on pourrait y remédier de façon simple et immédiate. Ce n’est pas le cas. En dix ans de baisses d’impôts, on a perdu vingt points de PIB en recettes fiscales : il faut les retrouver. Cela ne peut pas se faire en cinq minutes.
On entend davantage le gouvernement parler de la défense nécessaire des emplois, à coups de subventions et en ne faisant que retarder la fin, que de création d’emplois nouveaux.
L’innovation, les start-up, les entreprises dans les quartiers : je crois plus à la création d’emplois qu’à la défense de ceux existants. Le monde est plein de secteurs technologiquement dépassés.
Le chef de l’Etat a dit avoir entendu les demandes pressantes qui lui sont faites et avant son rendez-vous télévisé, il a expliqué samedi dans Le Monde le cap pris par son gouvernement.
Confronté à des sondages difficiles et des indicateurs économiques qui confirment une croissance très faible, il déclare « Dans cette période marquée par la montée des prix, les plans sociaux et la hausse du chômage, la chronologie des Français ne correspond pas à celle de l’action gouvernementale », estime François Hollande.
« Le risque de l’expression présidentielle, c’est la dispersion : un jour l’environnement, un jour l’emploi, un jour l’école. Il ne faut pas que cette parole apparaisse éclatée » précise le président français.
François Hollande évoque même son prédécesseur à l’Elysée, Nicolas Sarkozy qui a selon lui » imposé l’habitude d’une réactivité maximale, ancré l’idée du ‘je parle, donc je gouverne’, du ++j’annonce, donc je décide++ ».
Il ajoute « Je dois revenir sur tout cela, réhabituer les Français à ce qu’ils aient un Premier ministre à part entière après ces années où François Fillon a pris la posture d’être toujours ‘de côté’, à les réhabituer à ce que le Parlement soit considéré, à ce que le gouvernement soit valorisé ».
« Si je suis lointain, on dit : ++Il est hautain++. Si je suis réactif, on dit : ++Il fait du Sarkozy++. Si je prône le compromis, on dit : ++Il est hésitant++.
Et quand je suis à l’étranger, on dit : ++Mais il ne s’occupe pas de nous !++ Je ne veux pas être comme le bouchon au fil de l’eau : changer, passer d’un état à un autre. Il faut de la constance. Un style, cela s’imprime au fur et à mesure », poursuit François Hollande.
Fera t-il des annonces dimanche sur TF1 et apportera t-il des réponses concrètes aux interrogations de Français, où se limitera t-il à faire un constat connu de tous, réponse après le journal télévisé.
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