L’économiste et écrivain Jacques ATTALI invité jeudi au JT de 20 h de France 2 a estimé à propos du sommet du G20 à Cannes et de la crise grecque « même si la situation Grècque se règle ça ne changera rien ».
Jacques ATTALI : Je pense que cet épisode n’a pas d’importance dans la mesure ou le coeur du problème n’est pas du tout touché, tout cela ma fait penser à un bateau sur lequel il y a une voie d’eau, qui est en train d’être inondée et on s’obstine à fermer les volets ou les hublots, on ne s’occupe pas de la voie d’eau, donc les hublots c’est la
Grèce, c’est l’Italie.
Chacun d’entre eux va être fermé progressivement mais ça ne change rien à la voie d’eau, la voie d’eau c’est que l’Europe on n’a pas de structure globale, n’a pas de capacité à gérer globalement sa situation et donc même si la situation Grecque se règle et elle va se règler et même si la situation italienne se règle et elle va sans doute se régler progressivement, ça ne change rien au fond, il faut que l’Europe ait les moyens de résister à cette crise.
Les moyens pour l’Europe de résister il y en a quatre :
L’un c’est on ne fait rien donc il y a une faillite, l’euro disparaîtra…
Il y a trois chemins possibles mais je n’exclue pas que l’euro disparaisse, si on emploie pas un de ces trois moyens.
Le plus mauvais des trois: c’est la planche à billets, on dit à la banque centrale : émettez les billets, ce que font les Américains.
France 2 : Mais l’Allemagne n’en veut pas.
Jacques Attali : Enfin il y a tellement de choses que l’Allemagne ne veut pas, qu’elle n’a pas voulu et qu’elle a fini par faire que ce n’est pas exclu, je pense d’ailleurs que c’est ça qu’on emploiera.
Le deuxième moyen, qui est moins mauvais que le premier, mais qui n’est pas génial, c’est de prendre le fond spécial tel qu’on l’a conçu jusqu’à présent et augmenter ses moyens d’une façon ou d’une autre, mais ce n’est pas vraiment extraordinaire parce que c’est un fond qui est garanti par les pays eux même et dans la mesure ou ils les garantissent , si les pays eux-même ne sont pas en bonne situation ce qui est le cas de la France, on augmente les dettes de la France à proportion de la garantie que la France apporte à ce fond, c’est une fuite en avant qui ne marche pas.
« il suffirait que l’U E se dote d’une toute petite recette fiscale,
par exemple un point de TVA pour que l’Europe puisse emprunter ».
La dernière solution la seule qui est bonne mais que les hommes politiques commencent à approcher peut-être avec trop de retard c’est simplement de reconnaître que l’union Européenne et en particulier la zone Euro n’a pas de dette en tant qu’entité juridique, c’est même une chance incroyable, les Américains ont de la dette, (les pays ont des dettes mais l’Union n’en a pas), donc il suffirait que l’Union Européenne se dote d’une toute petite recette fiscale , par exemple un point de TVA qui serait transmis des pays vers cette UE, pour que l’Europe puisse emprunter.
Et à ce moment là elle peut se donner du temps pour restructurer, naturellement cela ne peut pas être de la dette pour de la dette, ce doit être de la dette pour investir pour croitre et pour créer les conditions d’une croissance réelle.
La discipline budgétaire fait partie de l’ensemble, mais si vous avez une discipline sans moyen de croissance, vous arrivez aux catastrophes auxquelles on assiste aujourd’hui parce que la fin de la croissance fait que les recettes ne rentrent pas et donc à ce moment là la dette augmente, même si vous faites des économies, c’est pour cela qu’il faut à la fois le frein de la rigueur et aussi l’accélérateur de la capacité de l’investissement Européen.
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