Abd Al Malik et Bernard Lavilliers réunis pour un dialogue, se sont exprimés dans Paris Match à propos du regard qu’ ils portent sur notre société. Extrait.
Paris Match : « Bernard, vous chantez “On est tombé bien plus bas que ce que tu crois.” La France vous fait-elle honte ?
Bernard Lavilliers : Je l’ai dit et je l’assume. Aujourd’hui, ça continue avec l’histoire des rétrocommissions sur les armes…
Abd Al Malik : Il y a un fossé de plus en plus énorme entre les histoires politico-financières et le quotidien des gens. Certains politiques parlent de responsabilité, d’éthique et d’amour du pays, mais eux-mêmes ne sont pas dans ces attitudes-là.
» Dans la cité, le dealer, le gros braqueur, on va le respecter, ce sont les modèles qu’on nous donne « .
Bernard Lavilliers : Si je faisais du Abd Al Malik, je dirais que, chez les hommes politiques, il y a la posture et l’imposture de leur fonction. Je ne suis pas du tout gaulliste, mais un véritable homme d’Etat comme de Gaulle, je ne le vois pas tremper dans ce genre de truc !
Abd Al Malik On vit une vraie crise des valeurs humaines.
PM : Quelles sont les valeurs qui se perdent ?
Bernard Lavilliers : Une des causes perdues de mon album, c’est la solidarité qui a été remplacée par la charité. On fait la charité parce qu’on est incapable d’appliquer la justice. On vit dans un monde où celui qui n’escroque pas est un con !
Abd Al Malik : Dans la cité, le dealer, le gros braqueur, on va le respecter. Et après on va dire, mais pourquoi vous respectez ce genre de personnes ? Mais tout simplement parce que ce sont les modèles qu’on nous donne.
PM : Vous pensez que c’est lié à ceux qui nous gouvernent ?
Abd Al Malik : Le vrai problème, c’est qu’il y a des citoyens de seconde zone qui sont français dans les faits mais qu’on ne regarde pas comme tels. On nous parle des banlieues comme s’il s’agissait d’un pays étranger ! On est dans un monde où soit on infantilise, soit on tribalise en désignant par “eux” tel groupe socioculturel, tel groupe d’âge.
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