45% des catholiques pratiquants sont favorables au mariage homosexuel indique un sondage Ifop réalisé à l’occasion de l’Assomption.
De nombreuses réactions se sont faites entendre y compris au sein de la communauté chrétienne après la prière transmise aux diocèses par le cardinal André Vingt-Trois et hostile à l’union homosexuelle.
Anthony Favier, historien du catholicisme à l’université de Lyon II, souligne dans un entretien à Libération, le malaise persistant de l’Eglise sur la question de l’homosexualité. Extrait.
Anthony Favier est notamment interrogé sur le refus de certains prêtres de lire la prière d’André Vingt-Trois. Un signe d’une division au sein de l’Eglise ?
« C’est difficile de savoir ce qu’il s’est précisément passé à la messe de l’Assomption. Seules la paroisse du Saint-Esprit à Toulouse et la paroisse Saint-Merry à Paris ont publiquement assumé cette position. D’autres ont certainement refusé mais sans le déclarer ouvertement. Certains prêtres ont également émis des réserves et changé les paroles de la prière.
Ce qui est sûr, c’est que le sondage Ifop réalisé à cette occasion montre qu’un renversement s’opère au sein de la population catholique.
Selon ce sondage, 45% des catholiques pratiquants sont aujourd’hui favorables au mariage homosexuel [ils sont 61% parmi les catholiques non pratiquants qui restent très proches de la moyenne française, située à 65%]. D’une minorité, on est en train de passer à une majorité.
Alors que les évêques se présentent comme unanimes sur cette question, concrètement, au sein des communautés, il y a débat, et certains sont prêts à adopter le mariage homosexuel.
« Un cardinal catholique français au journal télévisé,
ça n’était pas arrivé depuis l’élection de Benoît XVI ! »
(…) Le catholicisme est en crise depuis longtemps. Autrefois, c’était la religion majoritaire. Depuis le 18e siècle et la fin de la monarchie catholique, l’Eglise a perdu le contrôle de beaucoup de secteurs de la vie de la société : les universités, les hôpitaux puis les écoles.
Aujourd’hui, on est encore dans une crise, mais une crise qui remonte peut-être plus aux années soixante. Les Français voient de plus en plus le catholicisme comme une religion parmi d’autres.
Il y a une crise de légitimité, l’Eglise a du mal à représenter la majorité des Français.
(…) Il existe un fort tabou au sein du catholicisme qui est celui de l’homosexualité du clergé. Un nombre non négligeable de prêtres catholiques – en charge ou non – sont homosexuels. C’est un paradoxe sociologique : cette communauté, plutôt conservatrice au niveau des mœurs, est gouvernée par des prêtres dont une partie non négligeable des effectifs est composée d’homosexuels
(….) l’Eglise a tout à fait le droit d’intervenir dans un débat au sein de l’espace public. Il faut savoir qu’en France les évêques sont beaucoup moins intrusifs qu’en Espagne ou en Italie. Leur place dans l’espace public est d’ailleurs de plus en plus marginale. Avec cette question du mariage homosexuel, ils ont regagné en visibilité. Le cardinal Barbarin [cardinal français et archevêque de Lyon] est passé au JT de France 2.
Un cardinal catholique français au journal télévisé, ça n’était pas arrivé depuis l’élection de Benoît XVI ! D’un autre côté, certains ont l’impression que l’on réduit uniquement la doctrine sociale de l’Eglise aux affaires de mœurs et cela crée une lassitude ».
Partager : |
|
Tweet |
|
|
|