L’économiste Marc Touati sur lemediascope.fr – ( Vendredi 28/03/2014) » La BCE promet de lutter contre la déflation : info ou intox ? »
» la Banque Centrale Européenne (BCE) s’apprêterait à engager une politique
d’assouplissement quantitatif, s’inspirant ainsi du fameux
« quantiative easing » de la Fed »
A côté du nouveau record historique atteint par le chômage français, mais surtout des résultats du premier tour des municipales, qui ont cannibalisé l’actualité hexagonale cette semaine, c’est certainement LA nouvelle des derniers jours, voire des derniers mois : la Banque Centrale Européenne (BCE) s’apprêterait à engager une politique d’assouplissement quantitatif, s’inspirant ainsi du fameux « quantiative easing » de la Fed, qui a permis aux Etats-Unis de sortir de la crise et d’éviter la déflation.
Dans la mesure où c’est exactement ce que nous préconisons depuis des années, ce changement de cap a de quoi
nous satisfaire. Et ce, d’autant que si plusieurs dirigeants de la BCE se sont exprimés en ce sens, c’est le très orthodoxe Jens Weidmann, Président de la très rigoureuse Bundesbank, qui a été le plus clair en la matière.
Lorsqu’on sait que, jusqu’à présent les dirigeants politiques et monétaires allemands n’ont cessé d’opposer leur veto à toute politique trop accommodante de la BCE, on mesure l’ampleur du virage effectué par ces derniers.
- Face à ces annonces pour le moins surprenantes, deux questions principales peuvent s’opposer. D’une part, pourquoi ce revirement intervient aujourd’hui ?
D’autre part, la BCE va-t-elle vraiment appliquer ce que ses dirigeants laissent imaginer ?
La réponse à la première question est à la fois claire et inquiétante : si la BCE se dit prête à employer la manière forte, c’est avant tout parce que le risque de déflation est réel et que la probabilité d’une crise de « debt deflation » durable est de plus en plus élevé.
D’ores et déjà, il faut savoir que la déflation est déjà présente dans certains pays de l’UEM, comme en témoignent les niveaux actuels des glissements annuels des prix à la consommation : – 1,3 % à Chypre, – 0,9 % en Grèce, – 0,1 % au Portugal, ou encore 0,1 % en Irlande et en Espagne, sans oublier 0,4 % en Italie.
Avec un niveau de 0,7 % en février (et certainement 0,6 % en mars) pour la zone euro dans son ensemble, il est clair que la baisse des prix est une menace généralisée. Et ce, d’autant que le glissement annuel des prix à la production (indicateur avancé de l’inflation à venir) dans l’UEM est négatif depuis plusieurs mois et a atteint – 1,4 % en janvier (dernier chiffre connu).
Autrement dit, sauf heureuse surprise (liée par exemple à une forte dépréciation de l’euro/dollar), la déflation sera bien officiellement présente dans la zone euro d’ici l’été prochain.
Bien entendu, certains ne manqueront pas de signaler qu’un glissement annuel des prix négatif n’est finalement qu’un chiffre et n’appelle pas à s’inquiéter outre-mesure. Il n’en est rien. Nous ne le répéterons jamais assez : la déflation est bien plus grave que l’inflation, elle est même le pire des maux économiques qu’un pays ou une zone puisse connaître. Et pour cause : cette dernière génère trois principaux effets pernicieux. Le premier est d’aggraver le coût réel de la dette.
Ce dernier se mesure par le taux d’intérêt que l’on paie sur sa dette, duquel on soustrait l’inflation. Plus l’inflation est élevée, plus le taux réel est faible et plus le coût de la dette se réduit. À la rigueur, lorsque le taux d’inflation est supérieur au taux d’intérêt, le taux réel est négatif et le coût de la dette est supporté par l’inflation. S’endetter revient donc à s’enrichir.
À l’inverse, lorsque le taux d’inflation est négatif, le taux réel augmente, rendant de plus en plus difficile le remboursement de la dette.
C’est alors qu’intervient le deuxième effet pernicieux de la déflation. En effet, cette dernière est généralement engendrée par une situation d’excès d’offre par rapport à la demande. Or, si tel est le cas, l’offre, c’est-à-dire la production, s’ajuste à la baisse. Cela se traduit immanquablement par des destructions d’emplois, donc un affaissement des revenus, ce qui réduit encore la faculté des ménages à rembourser leurs emprunts.
D’où le troisième vice de la déflation, car si le coût de la dette augmente et que les revenus baissent, les acteurs économiques sont contraints de vendre leurs biens pour essayer de rembourser leurs emprunts. Ceci se traduit par une augmentation de l’offre, donc une aggravation de la déflation… et le cercle pernicieux continue jusqu’à épuisement.
« parler c’est bien, agir c’est mieux’
C’est exactement cette situation qui a prévalu lors du krach de 1929 et qui prévaut depuis une vingtaine d’années au Japon. Pire, plus la crise de la dette s’installe en Europe, plus les pays européens y répondent par une rigueur bête et méchante, plus les risques de déflation augmentent et plus la « debt deflation » se rapproche dangereusement. Et, comme nous l’ont montré les catastrophes des années 30 ou le marasme japonais des deux dernières décennies, lorsque la « debt deflation » commence, elle peut durer plus de vingt ans.
C’est pourquoi, devant ce danger imminent, la BCE est contrainte d’agir vite. La simple annonce de Jens Weidmann a d’ailleurs permis de déprécier légèrement l’euro face au dollar. Seulement voilà, parler c’est bien, agir c’est mieux. Or, nous sommes encore malheureusement loin de l’action concrète. D’ailleurs, avec un euro à 1,37 dollar, contre un niveau d’équilibre de 1,15 dollar, la devise eurolandaise est encore bien trop chère pour permettre de relancer la croissance et d’éloigner définitivement le spectre de la déflation.
Parallèlement, pratiquer un « QE » à la sauce BCE reviendrait à enfreindre quelque peu les statuts de cette dernière qui ne lui permettent pas d’acheter des obligations, notamment d’Etat, avant qu’elles soient émises sur le marché. En d’autres termes, pour mettre en place une « planche à billets » eurolandaise, il faudra modifier les statuts de la BCE, tâche qui appartiendra aux dirigeants politiques de l’UEM et qui sera donc particulièrement ardue.
La BCE est donc prise à son propre piège : elle sait que la déflation menace et qu’il faut tout faire pour l’éviter, mais elle ne dispose pas des moyens adéquats pour y parvenir.
Il faut donc espérer que les dirigeants politiques sauront faire taire leur dogmatisme maladif pour modifier en profondeur les structures de l’UEM, de manière à faire baisser l’euro vers les 1,15 dollar, à permettre à la BCE d’acheter en direct des obligations d’Etat sur le marché primaire et, ce faisant, de relancer la croissance durablement, tout en évitant le retour d’une déflation qui serait dévastatrice. C’est parfois dos au mur, que l’on prend les bonnes décisions, le problème est que la zone euro est déjà dans le mur depuis bientôt dix ans…
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