L’économiste Marc Touati sur lemediascope.fr ( 4 avril 2014) » Une dernière Valls, avant le grand saut… »
Marc Touati : Pour être tout à fait transparents avec nos lecteurs (comme nous l’avons d’ailleurs toujours été depuis plus de quinze ans), cette humeur devait s’intituler « Et si on redevenait enfin optimiste ? ».
En effet, après l’annonce par les dirigeants de la BCE d’une politique monétaire encore plus accommodante (cf. notre humeur de la semaine dernière) et avec la nomination de l’apparent « social-libéral » Manuel Valls à Matignon, il semblait possible de retrouver une certaine dose d’optimisme pour les mois et les trimestres à venir.
» Montebourg est particulièrement peu apprécié à Bruxelles »
Malheureusement, ces espoirs ont vite été déçus. Tout d’abord, au niveau eurolandais. Certes, comme d’habitude, Mario Draghi a été excellent lors de sa conférence de presse du 4 avril, insistant notamment sur le fait que « le conseil était unanime dans sa volonté d’utiliser aussi des instruments non conventionnels autorisés par son mandat pour faire face aux risques d’une période trop prolongée de faible inflation ».
Si nous nous rapprochons donc clairement d’un « quantitative easing » à la sauce eurolandaise, nous sommes néanmoins toujours très loin de mesures concrètes capables d’endiguer la déflation naissante. Pis, la BCE annonce qu’elle veut se donner le temps d’agir en fonction de l’évolution des indicateurs économiques. Cela signifie donc qu’elle n’interviendra que lorsque la baisse annuelle des prix sera officiellement actée.
Le problème est que toute inflexion de politique monétaire prend de six à neuf mois avant d’agir sur l’activité économique. Autrement dit, si la BCE met en place un semblant de « QE » en juin prochain, il sera trop tard.
D’ores et déjà, si l’euro est reparti à la baisse après les propos de « Super Mario », il reste toujours autour des 1,37 dollar, soit environ 15 % au-dessus de son niveau d’équilibre, dit Natrex (taux de change naturel sur la base des fondamentaux économiques), qui avoisine les 1,20 dollar pour un euro. A l’évidence, la menace déflationniste n’est pas près de disparaître.
Mais, au-delà du fait que la BCE paraît toujours très loin d’engager une véritable politique de « quantitative easing », la véritable déception de la semaine est venue des dirigeants français, qui se sont encore illustrés par leur manque de clairvoyance.
Ainsi, alors que le déficit public a nettement dépassé les objectifs gouvernementaux et que la dette publique hexagonale a atteint de nouveaux sommets, le Premier ministre, certainement sous l’impulsion du Président Hollande, a tout simplement nommé Arnaud Montebourg au poste ô combien décisif de ministre de l’économie.
Le 1 er avril, nous avions évoqué cette possibilité sur Twitter et Facebook mais en spécifiant qu’il s’agissait d’un poisson d’avril. Et bien non. La réalité a finalement dépassé la fiction : un altermondialiste-eurosceptique est bien devenu le ministre de l’économie de la cinquième puissance mondiale ! Qui l’eut cru ?
Au-delà de son caractère paradoxal et des tensions qu’elle va forcément susciter au sein du gouvernement, cette décision fait prendre un risque énorme à la France. Car, à côté de ses frasques à répétition (Mittal, Goodyear, Numéricable,…), M. Montebourg est particulièrement peu apprécié à Bruxelles.
Certes, nous partageons avec lui la certitude que l’euro est actuellement trop fort. Cependant, il faut bien comprendre que la dépréciation de l’euro ne peut se justifier et être acceptée par nos partenaires (notamment allemands) que si, dans le même temps, la France engage une véritable réforme de son économie, sur la base d’une baisse de la pression fiscale et des dépenses publiques. Or, sur ce point, M. Montebourg et, avec lui, l’ensemble des dirigeants français, sont loin d’être crédibles.
C’est d’ailleurs ce que rappellent les comptes des administrations publiques de l’année 2013. En effet, bien loin des promesses gouvernementales, les dépenses publiques ont augmenté de 2 % l’an passé. Si c’est moins que les 3 % de 2012, c’est cependant plus que la croissance en valeur (1,4 %).
D’ailleurs, avec un niveau de 1 176,1 milliards de dollars, les dépenses publiques représentent désormais 57,1 % du PIB, un record historique ! De plus, cette augmentation s’est opérée en dépit de la baisse de 9 % de la charge d’intérêts de la dette, qui, grâce à la baisse des taux d’intérêt des obligations d’Etat est passée de 56,1 milliards d’euros en 2012 à 51 milliards d’euros en 2013. C’est dire ce qui attend la France si, comme cela est très probable, les taux d’intérêt remontent dans les prochains mois.
Parallèlement, il faut noter que, malgré les déclarations tonitruantes et les engagements de stagnation en provenance de Bercy, les dépenses de fonctionnement ont continué de croître : + 1,9 %, soit + 7,5 milliards d’euros. Dire que depuis plus de vingt ans, tous les ministres de l’économie nous disent que les dépenses de fonctionnement vont stagner et qu’elles augmentent en moyenne de 9 milliards d’euros par an.
Ah, que de promesses en l’air ! Aussi, pour 2014, il est clair que les mêmes causes produiront les mêmes effets : la croissance restera molle, le chômage battra de nouveaux records, le déficit sera supérieur à 4 % du PIB et la dette atteindra de nouveaux sommets.
En d’autres termes, alors qu’un bras de fer s’engage entre la Commission européenne et la France pour essayer de prolonger le délai de réduction des déficits publics, il est clair que le nouveau ministre de l’économie part avec un lourd handicap. Et ce d’autant que, pour l’épauler, M. Montebourg devra compter sur le nouveau ministre des Finances et des comptes publics, M. Sapin.
Si ce dernier réussit à réduire les déficits publics comme il a réduit le chômage lorsqu’il était ministre de l’emploi, ça promet…
Dans ce triste contexte, il faut donc d’ores et déjà se préparer au pire : un clash avec Bruxelles et peut-être aussi Berlin, une nette dégradation de la note de dette publique française par Moody’s et Standard & Poor’s et, in fine, une remontée significative des taux d’intérêt sur les obligations de l’Etat français.
Cette dernière tension cassera le peu de croissance qui reste à la France, aggravant le chômage et les déficits publics et la crise de la dette reviendra aussi vite qu’elle a semblé disparaître. A une différence près : l’œil du cyclone ne sera désormais plus en Grèce, au Portugal ou en Espagne, mais en France.
Le Président Hollande avait un dernier atout dans sa main pour essayer de sortir de la crise et, malheureusement pour la France, il l’a déjà gâché. Notre optimisme naissant du début de semaine s’est ainsi transformé en une véritable tristesse, que Super Mario n’a pas réussi à dissiper.
Voir aussi: TF1 : Audiences JT 20h Manuel Valls ( mercredi 2 avril) + France 2 / « Plus Belle la Vie »
(Vidéo) Canal + : L’arrivée de Valls à Matignon « divise » (Grand Journal)
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(Vidéo) Valls : colère contre un sapeur-pompier qui refuse de lui serrer la main
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Noyade d’un enfant de 4 ans ans un bassin à poissons (Vicq près de Valenciennes)
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