L’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard évoque dans un entretien à BFMTV la politique économique de François Hollande, la crise de la dette, le traité européen, les penses publiques et les solutions qu’il préconise. Extrait.
A propos de l’action du gouvernement, Michel Rocard déclare :
Michel Rocard : Le gouvernement fait le minimum nécessaire pour garder intact un accord européen. Il n’a pas d’autre choix que d’avaler la pilule. Mais il le fait en même temps qu’il crée des postes dans l’éducation nationale, ceux-là même qui avaient injustement été supprimés précédemment.
Le retour à la retraite à 60 ans pour certains est également un juste retour à la normale, car ce qui a été fait était discourtois. En clair : le gouvernement fait le minimum, mais il le fait plutôt bien.
A La question ++ Pourquoi n’arrive-t-on pas à sortir de la crise ?++ Michel Rocard répond :
La plupart des gouvernements européens se trouvent complètement coincés. A cause des engagements internationaux, d’une part, mais aussi à cause de la gravité de leur dette.
« Les dépenses publiques, ce sont majoritairement des salaires »
En France, nous avons deux priorités : préserver l’équilibre de nos finances, et renforcer l’Europe, afin de pouvoir faire face au monde tel qu’il sera demain. Au vu de l’affaiblissement des Etats-Unis, nous devons avoir une Europe puissante afin d’amorcer la grande conversation qui s’annonce avec la Chine et l’Inde, dans les 15 à 20 ans qui viennent.
Nous sommes au cœur d’une crise grave amplifiée par l’endettement des Etats. La pensée traditionnelle –celle qui nous a amené à la crise, justement- veut qu’on donne la priorité à la réduction des déficits.
Mais cela nous amène à la récession ! Les dépenses publiques, ce sont majoritairement des salaires, donc de l’activité économique. Certains gouvernements, et notamment le gouvernement allemand, imposent des mesures qui ne produisent pas de croissance, ou pire, l’empêche.
Or, si la croissance baisse, la capacité à rembourser la dette aussi. La vérité, c’est que le combat est intellectuel. La pensée allemande joue dans ce sens récessif, ce qui aboutit à une politique dangereuse.
A propos du traité européen, Michel Rocard déclare :
Si. Tenter d’échapper à la réalité en refusant le traité est complètement idiot. La France est trop petite, trop seule. Nous courrons à la catastrophe si nous prenons le risque de faire éclater la zone Euro. Tous les pays se retrouveraient avec leur ancienne monnaie dévaluée de 20 à 50%, selon leur dette, ce qui serait intenable. J’ai la certitude qu’il n’y a pas d’issue solitaire.
Si l’on rentre dans une récession généralisée, on court le risque de se retrouver dans la situation de 1930. Celle-là même qui a généré des conflits sociaux partout dans le monde et qui, entre autres, a amené Hitler au pouvoir » a indiqué l’ancien Premier ministre.
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