Maïtena Biraben  lors de l’émission « Le Supplément »

Egalement présentes la féministe, Anne Cécile Mailfert et la journaliste Ruth Elkrieff.

« je m’impose des règles »

( Ségolène Royal)

Maïtena Biraben  ( Canal +) : Vous avez réuni près de 17 millions d’électeurs sur votre candidature en 2007 au second tour de l’élection présidentielle. Est-ce que ça s’oublie ça ?

Ségolène Royal : Non, ça reste une forme de légitimité populaire, dans le regard des autres, ça ne s’oublie pas et dans les autres pays sur la scène internationale, c’est très étonnant comme ça ne s’oublie pas non plus.

Ca a beaucoup marqué le paysage politique français devant une femme pour la première fois au second tour de l’élection présidentielle. Ca s’est dépolitisé d’une certaine façon. C’est à dire que ce n’est plus forcément l’histoire politique en perspective mais c’est le personnage féminin dans la politique française très masculine jusqu’alors qui a marqué.

Maïtena Biraben ( Canal +) : avec vos collègues ministres c’est aussi présent ?

Ségolène Royal : je pense, que c’est quand même dans l’inconscient collectif, il y a un regard respectueux.

Maïtena Biraben ( Canal +) : j’en viens à la primaire PS de 2011 où vous avez récolté 7% des voix. En politique, rien n’est jamais acquis ?

Ségolène Royal : Rien . Mais c’est aussi ce qui fait la modestie que l’on doit avoir en politique et en même temps la grandeur de la politique. On doit tout finalement et toujours au suffrage universel, à la voix populaire, aux électeur. Rien n’est jamais acquis.

 » Est-ce que j’ai obtenu des résultats est-ce que j’ai servi à quelque chose ?

tous les soirs je me le demande » 

Maïtena Biraben : Est-ce que vous parlez le “ François Hollande” ?

Ségolène Royal : C’est à dire ?

Maïtena Biraben : C’est à dire que parfois quand il dit OUI il faut comprendre NON.

Ségolène Royal : Je comprends à peu près, ça dépend de l’intonation.

Maïtena Biraben : selon un conseiller qui préfère rester anonyme ++ elle n’a pas un statut à part, elle est à part++. De devoir faire comme si vous n’étiez pas la mère des 4 enfants du président de la république, est-ce que c’est un sujet pour vous qui est désagréable, compliqué ?

Ségolène Royal : Non, mais je m’impose des règles. Vous savez cette grande distinction entre le corps public et le corps privé. Le corps public, c’est celui qui incarne la fonction…

Maïtena Biraben : mais pour vous, pour lui, pour la France, vous ne pouvez pas vous désincarner ..

Ségolène Royal : Bien sûr. C’est un tout bien évidemment. Et en même temps les responsabilités mais en même temps c’est vrai pour tout être humain qui a un moment des responsabilités publiques, il a l’obligation de faire la distinction entre les deux.

Je me force de faire cette distinction, même si bien évidemment, il y a une solidarité, une connivence. J’ai envie que notre pâys marche bien, donc je fais tout pour que les choses se passent bien et d’être le plus utile possible.

Maïtena Biraben : vous êtes connue pour être quelqu’un qui a son indépendance, sa liberté de parole, sa liberté de de ton …

Ségolène Royal : Je crois qu’à un moment, il faut être soi-même et arrêter de se poser des questions et se dire aussi qu’en politique le temps passe très vite.

J’ai vu au cours de ma vie politique, beaucoup de gens perdre beaucoup de temps et peut-être qu’une de mes préoccupations principales en politique c’est de me demander toujours quel est le résultat de mes actions, la morale de l’action. Est-ce que j’ai obtenu des résultats est-ce que j’ai servi à quelque chose ? tous les soirs je me le demande. Est-ce que j’ai fais aujourd’hui avancer ?

Maïtena Biraben : Vous êtes pressée ?

Ségolène Royal : je suis pressée pour les Français. Je veux que la transition énergétique dont j’ai la charge débouche le plus rapidement possible sur la création d’activité et d’emplois. Je veux que le chômage des jeunes recule.

Je veux que les nouveaux emplois liés à la croissance verte puissent rapidement émerger. Et je sais que c’est possible.

Maïtena Biraben : On ne peut pas vous reprocher de ne pas y croire. A propos de votre ministère de l’ Ecologie vous dites ++ même si je voulais partir, on me demanderait de rester++ Est-ce que vous imaginez n’importe quel autre ministre dire ça, ce serait énorme non ?

Ségolène Royal : peut-être mais est-ce que si un autre ministre disait ça ce serait repris ? – par les médias NDLR- C’est du bon sens ..

Maïtena Biraben : Elle est énorme cette phrase …

Ségolène Royal : Non c’est juste, elle est vraie au sens où même si moi – je vais dire ça en sens inverse- j’avais eu d(‘autres ambitions – on me dirait mais occupes-toi de cette activité jusqu’au bout ».

( Vidéo) Canal + : Ségolène Royal« faire comme si vous n’étiez pas la mère

des 4 enfants du président, c’est compliqué ?”