Altedia publie demain en partenariat avec Les Echos les résultats de son baromètre du moral des salariés. Quel est l’état d’esprit des salariés ? Comment jugent-ils la situation économique de leurs entreprises respectives?
- Quelles sont leurs principales craintes ?
- Quel regard portent-ils sur la façon dont leurs dirigeants ont géré la crise ?
- Quelle est la situation des jeunes et des seniors dans le monde du travail ?
Pour répondre à toutes ces questions, Ipsos et Logica Business Consulting ont interrogé 1003 salariés français entre le 25 février et le 3 mars 2011. Cet échantillon est représentatif de la population salariée en termes de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de région, de secteur (public/privé) ainsi que de taille et de secteur d’activité (pour les salariés d’entreprise).
Près de 4 salariés sur 10 sont pessimistes et estiment qu’ils connaîtront le chômage dans les années à venir : la crise a laissé des stigmates. 41% des personnes travaillant en entreprise prévoient qu’ils rencontreront une période de chômage. Pour plus d’un salarié sur 10, c’est même une certitude (11%). Les salariés considèrent majoritairement que s’ils étaient licenciés, ils retrouveraient difficilement du travail (56%). La crainte de rencontrer des difficultés pour retrouver un emploi est très fortement éprouvée par l’ensemble des catégories de salariés : un peu moins par les cadres (48%) mais plus fortement par la maîtrise (55%), les employés (59%) et les ouvriers (59%).
Des salariés sceptiques ou pragmatiques sur les mesures qui pourraient être mises en place pour éviter les destructions d’emploi : si une très forte majorité estime qu’il serait acceptable d’abaisser le niveau de rentabilité des entreprises exigées par les actionnaires (87%), seulement 38% estiment que cette mesure est réaliste. Idem pour le durcissement de la législation sur les licenciements (82% la souhaitent mais elle n’est réaliste que pour 44% des interviewés). Enfin, si 66% seraient prêts à travailler plus, seulement 66% considèrent cette mesure comme réaliste. La modération des salaires est très majoritairement rejetée (66%).
Leur opinion sur les niveaux de rémunération des patrons est aussi très partagée : environ un tiers des salariés estime qu’elles sont excessives (35%), un autre tiers les considère élevées mais pas excessives (36%) et moins d’un tiers pense qu’elles ne sont pas si élevées que cela (27%). Les salariés évoluant dans les plus grandes entreprises se montrent les plus critiques (44% affirment qu’elles sont excessives). En ce qui concerne le plafonnement des hautes rémunérations, certes 92% de la population salariée affirme que c’est une mesure souhaitable mais seulement la moitié des personnes estime que c’est une mesure réaliste (49%), les autres considérant que cela est souhaitable mais irréaliste (43%), voire que ce n’est pas souhaitable (7%).
Des salariés qui disent perdre en motivation
et être de plus en plus stressés.
Des salariés qui disent perdre en motivation et être de plus en plus stressés : certes, ils se disent massivement très intéressés par leur travail (80%), qu’ils travaillent en entreprise ou dans la Fonction Publique. De même, pour beaucoup, il les motive (41%) et les satisfait (35%). Dans le même temps, leur travail rime aussi avec stress (35%) et inquiétude (25%). Le stress est même le principal sentiment éprouvé par les personnes travaillant dans des entreprises de 1000 salariés et plus (41%).
La situation est de moins en moins supportée par les salariés : ils ont le sentiment que la situation économique s’améliore mais que les augmentations salariales restent bloquées (71% sont insatisfaits des perspectives d’évolution salariale, 65% de la politique salariale) et que les perspectives d’évolution professionnelle sont bouchées (64% des salariés sont insatisfaits). Conséquence, un phénomène de démotivation s’installe : 51% des salariés affirment que leur motivation a chuté au cours des 6 derniers mois.
Les salariés de la fonction publique rejettent très majoritairement la RGPP : leur état d’esprit est relativement proche de celui des salariés du secteur privé. En ce qui concerne la RGPP (Révision générale des politiques publiques), ils se montrent très majoritairement critiques en considérant qu’elle a plutôt entraîné une dégradation du service public (84%), des conditions de travail (84%) et de leur motivation (76%).
Les salariés perçoivent une forte dégradation de la situation des seniors : les salariés estiment qu’il leur est plus difficile qu’il y a dix ans de rester motivés (84%, +3 points depuis 2008), de pouvoir évoluer sur de nouveaux postes (78%, +1 point), d’être écouté par les jeunes (69%, +7 points), d’être respecté au sein de leur univers professionnel (64%, +12 points), de s’adapter aux évolutions de l’organisation du travail (63%) ou encore d’encadrer et diriger une équipe (+6 points). L’attachement au seniors est aussi relativement modéré : « seulement » 55% des salariés considèrent qu’un senior qui part, c’est une perte pour l’entreprise et un coût supplémentaire pour la société (57%).
Les jeunes candidats à l’embauche souffrent d’une image négative auprès d’une partie de la population salariée : moins d’un salarié sur deux considère qu’un senior qui quitte l’entreprise, c’est la possibilité pour un jeune d’être embauché (47%). Ils pensent par ailleurs qu’avec l’allongement de la durée du travail, suite à la réforme des retraites, il va être plus difficile pour les jeunes de trouver leur premier emploi (79% dont 45% estiment même que cela sera « très » difficile pour eux). Par ailleurs, moins d’un salarié sur deux considère que les jeunes apportent avant tout des connaissances et compétences nouvelles, que les autres salariés n’ont pas toujours (47%). Dans le même temps, presque six salariés sur dix estiment que les jeunes ont du mal à s’insérer dans l’entreprise et à respecter une hiérarchie (58%).
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